La dépense s'intéresse aux relations entre l'art et l'économie. Ce site présente l'archive complète du glossaire ainsi que les ressources évolutives de l'Atelier.
Arman
Artériosclérose
1961
L'accumulation est une technique artistique popularisée par Arman, artiste français qui l'a beaucoup travaillée et théorisée. Telle qu'Arman la définit et la produit, l'accumulation est un rassemblement d'objets identiques dans une très grande quantité, généralement fondus dans du plexiglas. De manière organisée ou désorganisée - volontairement ou involontairement. Cette technique sera évidemment souvent réinterprétée par la suite, donnant lieu à autant de types d'accumulation différents. Chacun ayant ses propriétés tout en gardant la volonté principale et première de matériau réutilisé en masse. Ce qui laisse entendre toute l'importance qu'elle prendra dans le cadre du pop-art. Dans sa pratique de l'accumulation, Arman distinguait les accumulations pures, les fragmentations, les coupes, les poubelles, les colères et les monuments, enrichissant dès lors la conception première et simple donnée plus haut. Les Accumulations pures représentent des œuvres constituées d'objets identiques accumulés, entassés, disposés ensemble.
Bernard Belluc
Il a collectionné plus de 300 000 objets des années 1930 aux années 1980, exposés dans des vitrines au Musée International des Arts Modestes de Sète, dont il est avec Hervé Di Rosa le cofondateur. Dans celles-ci, plusieurs thèmes y sont déclinés : l'histoire de l'alimentation, de l'automobile, les premiers congés payés, les Trente Glorieuses...
Laura Lamiel
Ozô
Laura Lamiel crée une scénographie monumentale intitulée "Ozô", qui combine des matériaux industriels et des objets trouvés sur un tapis d'encens pesant deux cents kilos. Elle abolit toute hiérarchie dans le choix des matériaux et des échelles, fascinée par la diversité des possibilités. Son jeu dialectique de couché / debout, vertical / horizontal, transforme les murs en sol et les cimaises en socles. Souhaitant habiter l'espace, elle privilégie la matière et utilise des objets trouvés au hasard pour faire entrer la vie dans l'espace d'exposition. En mélangeant le quotidien et l'art, "Ozô" devient une expérience artistique qui évoque l'intime, le social et le domestique grâce aux objets glanés et stimule les sens du spectateur grâce à l'encens et à la couleur.
Etoy Corporation

« En 1998, Etoy s'introduit en Bourse. Le premier lot d'actions est remis au chancelier autrichien Viktor Klima en personne. Ce n'est pas une vraie IPO (Initial Public Offering) au Nasdaq, mais sur le marché international de l'art. On paie toutefois en vrais dollars pour acheter les parts de ce qui devient alors une holding. Parmi les plus de 2000 actionnaires et 640 000 actions disponibles, on retrouve l'activiste John Perry Barlow. Selon Hans Bernhard, l'un des fondateurs d'Etoy : "L'introduction en Bourse d'Etoy n'était pas vraiment une question d'argent. Puisqu'en réalité, nous n'avions pas de dividendes à verser." En somme, c'était plutôt du mécénat des temps modernes. Mais c'est bien en 1999 que fut réalisé le plus gros coup d'éclat du groupe artistique, nom de code Toywar. Etoy.inc, une entreprise multinationale de fabrication de jouets, voulut acheter à Etoy.corp pour 516 000 dollars leur nom de domaine dans le but qu'il n'y ait plus d'ambiguïté entre les deux entités. En refusant leur offre, Etoy.inc a alors poursuivi en justice la société d'actionnaires artistiques pour "compétition déloyale, commerce frauduleux, fraude sécuritaire, contrebande, contenu offensant et apologie du terrorisme". Ce à quoi Etoy.corp a vigoureusement répliqué en produisant une campagne médiatique massive via internet et conduisant des attaques de dénis de services (DdoS) contre leur site officiel. Lorsque Etoy.inc décida d'abandonner les charges, la multinationale avait perdu 60% de valeur en bourse et a enregistré une perte de 4,5 milliards de dollars, ce qui fait de la Toywar, l'action artistique la plus chère de l'histoire de l'art. »
Piotr Pavlenski
L'éclairage
Piotr Pavlenski, un artiste russe connu pour ses actions provocatrices, utilise son corps et sa liberté pour pratiquer l'art politique en associant des gestes à des œuvres. L'une de ses actions les plus médiatisées est "Éclairage", qui a eu lieu le lundi 16 octobre 2017, lorsqu'il a mis le feu à une succursale de la Banque de France sur la Place de la Bastille à Paris, se faisant filmer jusqu'à son arrestation par la police. Son objectif était de mettre en lumière la puissance de la banque en tant que machine à calculer et son rôle dans la métaprogrammation de notre société. Selon son manifeste, rédigé par Michaël La Chance, notre ère numérique a subverti la société, faisant de nous les esclaves des banques et les prisonniers des normes, incapables de nous libérer de nos conventions sociales, tels les naufragés de L'ange exterminateur de Luis Buñuel. Cette action provocatrice met en question la domination du pouvoir et cherche à faire réfléchir sur les effets de l'ère numérique sur la société actuelle.
Marcel Broodthaers
La banque et le critique
1964–1968
Il a collectionné plus de 300 000 objets des années 1930 aux années 1980, exposés dans des vitrines au Musée International des Arts Modestes de Sète, dont il est avec Hervé Di Rosa le cofondateur. Dans celles-ci, plusieurs thèmes y sont déclinés : l'histoire de l'alimentation, de l'automobile, les premiers congés payés, les Trente Glorieuses...
David Hammons
Blizz aard ball sale
David Hammons est une figure clé du Black Arts Movement, qui puise son inspiration dans la vie quotidienne des Afro-Américains pour créer des œuvres d'art. Dans "Bliz-aard Ball Sale", créé le 13 février 1983, Hammons installe un stand sur le trottoir devant une célèbre école d'art de New York, où il vend des boules de neige et devient un vendeur chaleureux pour une journée. Il propose ces boules de neige de tailles différentes aux passants qui souhaitent jouer le jeu et les acheter, sachant qu'elles sont destinées à fondre et à disparaître rapidement. Ces biens éphémères sont offerts par l'artiste pour remettre en question et proposer un autre système économique dans le marché de l'art de l'époque. Cette œuvre humoristique interroge donc la notion de valeur. Hammons souhaite également dénoncer les conditions de vie des sans-abris, des Afro-Américains et des marginaux en critiquant le système capitaliste qui les rend invisibles. Ainsi, l'échange de ces boules de neige devient un acte politique, une arme pour défendre la condition des Afro-Américains et pour inscrire son travail dans une continuité de l'art occidental et de sa propre culture, en contribuant à faire le bien. Cette installation a été photographiée par Douad Bay.
Louise Bourgeois
Maman
1999
Louise Bourgeois est une artiste française qui a migré aux États-Unis d'Amérique. Elle a tout d'abord travaillé la peinture avant de s'orienter plus intensément vers la sculpture. Elle est d'ailleurs connue pour ses sculptures de 10 mètres de haut représentant une araignée enceinte puisqu'elle comporte un sac sous l'abdomen contenant 26 œufs. Ces sculptures de bronze, de marbre et d'acier sont extrêmement imposantes, à la fois protectrices et dangereuses. Elle évoquera elle-même plusieurs fois qu'il s'agit d'une référence à sa mère : « L'araignée est une ode à ma mère. Elle était ma meilleure amie. Comme une araignée, ma mère était une tisserande. Ma famille était dans le métier de la restauration de tapisserie et ma mère avait la charge de l'atelier. Comme les araignées, ma mère était très intelligente. Les araignées sont des présences amicales qui dévorent les moustiques. Nous savons que les moustiques propagent les maladies et sont donc indésirables. Par conséquent, les araignées sont bénéfiques et protectrices, comme ma mère. ». Ainsi cette œuvre exerce sur le public une forme d'exercice du pouvoir qui porte, non plus sur les territoires, mais sur la vie des individus, sur des populations directement, comme la mère exerce un pouvoir sur son enfant.
Agnes Denes
Wheatfield
1982
C'est lors du développement de NYC et de la construction de nombreux gratte-ciels que cette œuvre a vu le jour. Après avoir construit la zone du World Trade Center, le surplus de débris du chantier a créé un énorme terrain vague dans la ville. On proposa alors à Agnes Denes de réaliser une œuvre, qui occuperait les 8000 m2. Elle remit en avant l'importance de notre environnement, des éléments qui subviennent à la survie humaine, elle ramène la nature à l'intérieur de la ville. Des priorités qui, selon elle, avaient disparu dans l'esprit de la population. Elle choisit d'y cultiver du blé (importation de terre, sillon, moisson), synonyme d'argent, de finance, d'économie. Clin d'œil à la ville qui héberge le centre économique qui décide du prix des denrées alimentaires. Elle joue aussi sur l'aspect esthétique : montrer le côté froid, rigide, dur des tours en opposition avec la vivacité du champ. Plus largement le champ est un symbole de la nature, symbole de nourriture, symbole financier, symbole de la mondialisation.
Dennis Oppenheim
Dennis Oppenheim
1969
Cancelled Crop présente la manière dont l'action humaine peut marquer la terre pour la production : sur un champ, il va utiliser les machines agricoles qui sont habituellement utilisées pour l'agriculture. Il va créer des lignes droites ; elles suivent la route du village de Finsterwolde, où se trouve le champ, à Nieuweschans, et un autre village où se trouvait le silo de stockage du blé du fermier. Tout cela se passe en cours de récolte, comme dans le X de la culture annulée, pendant le processus de plantation des graines. En septembre, le champ a été récolté sous la forme d'un X. Le grain a été isolé à l'état brut, le traitement ultérieur a été suspendu. C'est un geste à mi-chemin entre la réalisation et la non-réalisation d'une œuvre d'art. Elles sont centrées sur le processus en tant qu'agent de changement et utilisent des matériaux, des éléments et des lieux sur Cancelled Crop, sur lesquels l'artiste ne peut avoir aucune prétention permanente, les rendant volontairement éphémères. Des actions telles que l'ensemencement d'une culture et sa récolte plusieurs mois plus tard opèrent dans des paramètres de temps plutôt que de la volonté de l'homme, mêlant les processus humains à ceux de la nature.
Rollo Press
Bootleg Series
2010
Le Xerox Book est une reproduction non autorisée sous forme de fac-similé du livre "Xerox Book" de Seth Siegelaub, qui a été publié pour la première fois en 1968 en 1 000 exemplaires. Cette reproduction a été réalisée dans le cadre d'un projet initié par Rollo Press et diffusé en 10 parties. Le premier opus, qui comprenait 100 exemplaires, a été présenté à la Book Fair d'Eastside Projects, à Birmingham, en juillet 2010. Cette reproduction fait partie de la série "Bootleg" de Rollo Press, qui n'est disponible que par échange. Les visiteurs peuvent apporter leur propre livre et l'échanger contre une copie de la reproduction, tandis que les livres récupérés seront exposés dans la galerie.
Daniel Buren

Daniel Buren tend vers une peinture minimaliste et radicale, jouant sur le rapport entre le fond et la forme. Il peint des bandes colorées verticales de 8,7 cm de large sur tous types de support. Il développera progressivement un travail in situ qui deviendra inévitable dans l'ensemble de sa pratique. Sa peinture est souvent qualifiée de « peinture décorative », mais cela est assumé. Bien que Daniel Buren préfère parler d'« outil visuel », permettant de redécouvrir un espace connu du spectateur sous un point de vue différent, jouant sur les espaces, les couleurs, la lumière, le mouvement, l'environnement, la découpe ou la projection. Cet outil visuel qu'il travaille depuis plus de 50 ans, a désormais marqué profondément l'art contemporain. Un outil pourtant simple, inspiré de tissus trouvés au marché Saint-Pierre à Paris. Avoir travaillé majoritairement cet outil a permis à Buren de capitaliser sur cette esthétique. Ainsi, aujourd'hui, dans le milieu de l'art contemporain, on ne peut s'empêcher quand on voit des rayures verticales d'une certaine largeur, de se demander si on est pas face à un Buren.
Yayoi Kusama

Yayoi Kusama est une artiste contemporaine japonaise avant-gardiste, peintre, sculptrice et écrivaine. Elle est connue pour ses peintures et sculptures recouvertes de pois colorés. En 1960, elle lance son Manifeste de l'oblitération et déclare : « Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d'autres pois... ». Tout au long de sa vie, elle continuera à peindre des pois. Ainsi une œuvre de Yayoi Kusama est facilement reconnaissable. Cela devient donc sa marque de fabrique.
Michael Asher
Installation at Claire Copley Gallery, Los Angeles, CA
1971
« Les dimensions de la pièce sont de 16,33 m de longueur, 4,37 m de largeur et 3,41 m de hauteur. J'ai retiré le mur de séparation pour l'exposition dont le propos était de voir le directeur de la galerie en train de travailler et j'avais demandé à la galeriste de ne rien toucher, tout devait rester en l'état — les tableaux, l'échelle, etc. Derrière ce mur, au fond, vous voyez l'endroit où les galeristes font leurs affaires. [...] La plupart des artistes suivent des codes formels, ils changent la lumière, les murs, mais, parfois, ils oublient qu'on peut aller au-delà de ces murs. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir comment la galerie fonctionne et non pas d'objectiver l'espace ou de considérer l'espace comme un objet. [...] En général, la tendance de l'artiste est d'achever l'œuvre visuellement, sans exposer la problématique des conditions dans lesquelles il travaille. Mon travail insiste plutôt sur ce sujet. ». Quand les artistes font école. Vingt-quatre journées de l'Institut des hautes études en arts plastiques, tome 1, 1988-1990 (éd. du Centre Pompidou, Marseille-Paris, 2004)
Nathan Coley
The Ballast Project
2011
La pièce est une commande du musée maritime d'Amsterdam. Elle se compose de pans de murs de briques irrégulières. Au début du XVIIe siècle, des établissements commerciaux néerlandais ont vu le jour dans une grande partie monde. Le bâtiment du musée maritime d'Amsterdam se trouve dans l'ancien entrepôt de l'amirauté d'où partaient les navires des Compagnies des Indes occidentales et orientales. C'est là que le lest était chargé dans les navires, trop légers sinon pour prendre la mer. Il était composé de briques irrégulières et jaunâtres, produites le long de l'Ijssel. À l'autre bout du monde, elles étaient remplacées par le butin. Une fois déchargées, on les utilisait pour construire les comptoirs, maisons et églises chrétiennes. C'est également dans l'entrepôt de l'amirauté qu'étaient déchargées les marchandises.
Armin Linke

Armin Linke est photographe et cinéaste. Il compose depuis des années une archive photographique concernant l'interaction entre l'activité humaine et les paysages, notamment sur les modifications que cela entraîne. Le film Alpi est un projet à la fois artistique, scientifique et économique. En effet, l'artiste s'est intéressé durant 7 ans, de 2004 à 2011, aux changements que l'humain a entraîné sur ce lieu, que ce soit économique, à une portée scientifique/écologique d'un trop gros investissement du lieu. Ce film prend plusieurs formes : sonore, photographique qui vient constituer un film mettant en lumière l'observation d'une dynamique territoriale, soumis à une forte pression touristique.
Jerome Bel
Dances pour Wu-Kang Chen
2020
Depuis 2019, Jérôme Bel, un célèbre chorégraphe français des années 90, cherche de nouvelles façons de pratiquer la danse en raison de préoccupations environnementales. Il a choisi de boycotter les voyages en avion avec l'aide de ses collaborateurs, mais cela ne l'a pas empêché de poursuivre sa carrière internationale en développant de nouvelles techniques pour exprimer sa spiritualité. Le spectacle "Dances pour Wu-Kang Chen" en est un exemple concret, car il a été entièrement dirigé à distance grâce à des outils numériques, réduisant ainsi considérablement les émissions de carbone. Les répétitions ont été menées via des visioconférences avec les interprètes, tandis que la performance a eu lieu dans le pays d'origine des interprètes et dans leur langue respective. La diffusion de l'œuvre a également été effectuée avec des moyens de transport à faible émission de carbone. L'objectif de Jérôme Bel est de prendre position sur les questions macroéconomiques liées à la transition écologique et à la neutralité carbone, tout en continuant de créer sans être limité à une seule région géographique.
Julien Prévieux
Lettres de non- motivation
2018
À la suite de nombreux refus dans la recherche d'un emploi, Julien Prévieux entreprend une série de Lettres de non-motivation. Il envoie plus de 1000 lettres en réponse à différentes annonces françaises et étrangères. Il entreprend cette série suite à son constat de la situation d'infériorité des demandeurs sur les entreprises. Ceux qui recherchent doivent vanter tout du long les nombreuses qualités de l'entreprise pour finir par énumérer toutes ses compétences personnelles. Les lettres deviennent de plus en plus stylistiques. Il se crée au fur et à mesure des demandes un jeu malsain. Les demandeurs d'emploi s'essoufflent et sont prêts à accepter n'importe quelle proposition. La plupart du temps, il ne reçoit même pas de réponse à sa lettre. Face à cette situation, l'artiste envisage une démarche inverse. Il énumère les différents points qui l'amène à refuser l'offre. Julien Prévieux réaffirme le non. Il s'agit d'un refus de se plier aux exigences du marché de l'emploi, à l'heure où tout s'intensifie.
Michael Asher

Michael Asher est un artiste conceptuel soit un artiste qui accorde plus d'importance aux concepts, aux idées qui soutiennent une œuvre qu'au visuel de l'œuvre produite. L'artiste avait donc conçu dans les années 1960 des installations démantelant les musées et leur accrochage. Parmi ses premiers travaux, il avait vidé le San Francisco Institute of Art. Une exposition lui a été consacrée en 1991 au Centre Pompidou à Paris, où toujours fidèle à son principe de n'utiliser comme matériel que ce qui n'est déjà présent dans le lieu de l'exposition, l'œuvre de Michael Asher a réussi à ne produire aucun objet durable (oeuvre qui peut être par la suite commercialisée). Elle est restée ce qu'est toute œuvre d'art avant sa transformation en marchandise : une production qui émet du sens.
Aram Bartholl
Dead Drops
2010
En 2010, Aram Bartholl commence le projet participatif Dead Drops. Il commence par intégrer des clés USB dans des murs de l'espace public à l'aide de ciment. Par la suite, sur un site internet dédié, il répertorie leurs différentes positions. Comme leurs bouts ressortent, chacun peut s'y connecter à l'aide d'un ordinateur. Par ce dispositif, hors ligne, les données circulent, se créent, sont supprimées. Il n'y pas aussi de traçage sur l'origine des participants. Maintenant, tout le monde peut choisir d'installer un Dead Drops dans sa ville. Il suffit juste de suivre quelques indications expliquées sur le site. À l'heure actuelle, son projet recense de nombreuses clés à travers le monde. Ce projet amène une distribution singulière des rôles. Ce n'est plus un artiste autonome qui installe son projet en ayant un contrôle absolu sur son ensemble. Tout le monde peut se saisir et investir ce projet, autant voir plus que son initiateur : installation de fichier, transmission régulière des fichiers... Pour savoir le contenu d'une clé, il vous faudra vous déplacer jusqu'à elle. Elles sont à la fois très accessibles puisqu'à l'extérieur, mais elles restent pour le moins mystérieuses et dissimulées. Si vous n'y avez pas accès, vous ne pouvez que spéculer sur son contenu. Ainsi elles engagent principalement la participation de personnes sur une échelle locale, ce qui est très différent du flux d'informations que l'on trouve sur Internet. Pour finir, le Palais de Tokyo a été la première structure d'art à avoir accueilli ses Dead Drops en son sein. Cette initiative est intéressante, puisqu'elle maintient et offre cette opportunité riche d'échanges à l'abri du regard de tous, dans un espace qui est pourtant très structuré.
Julien Prévieux

Julien Prévieux adopte une démarche active dans un environnement structuré et précis. Il court-circuite des agents et structures de pouvoirs à plusieurs niveaux. Dans Mallette n°1 (2006), il réutilise les empreintes digitales du ministre de l'intérieur pour en fabriquer des tampons. La falsification de texte est ainsi à portée de main. Dans Today is Great, mécontent d'une surveillance à sens unique, il espionne à son tour Google. À son échelle, il réussit à dérober des notes et dessins présents sur un tableau blanc grâce à un téléobjectif. Il s'en ressert pour effectuer une série de dessins à l'encre de chine. Ces informations lui permettent d'étoffer sa production, comme les sociétés le font avec nos données.
Seth Siegelaub
The Xerox Book
1968
Seth Siegelaub déplace la notion d'œuvre d'art en créant des catalogues-expositions : le catalogue devient l'œuvre à part entière. Avec ces catalogues-expositions, il redéfinit la relation entre l'art et sa documentation.
Allan Sekula
School is a Factory (L'école est une usine)
1978 - 1980
Allan Sekula utilise sa propre expérience d'enseignant de cours du soir d'histoire de la photographie dans un collège communautaire du Sud de la Californie pour créer School is a Factory. L'œuvre alterne photographies en noir et blanc, textes et panneaux graphiques pour questionner l'enseignement de la photographie mais surtout l'enseignement plus général dans ces écoles « de seconde zone » (beaucoup moins chères que les universités américaines) qui offrent une formation sommaire qui ne débouche que très rarement sur un emploi. Allan Sekula dénonce la normativité de l'école qui ne forme et ne libère pas ses étudiants mais façonne des êtres en produits qui se noient dans une masse informe et qui intègrent le système social tel qu'il est, sans l'adapter. La mobilité sociale n'est pas possible à l'école. À l'inverse des brochures chatoyantes de ces universités, les photographies d'Allan Sekula montrent un environnement rationalisé, bureaucratique, mensonger, monstrueux, qui ne rend que plus pathétique le sort de ces personnes. La séquence narrative alterne schémas, textes et images qui interrogent le statut de la narration, entre relevé documentaire et construction formelle.
Anonyme
Moulage de Sarah Baartman,la Vénus Hottentote, photo de Pierre Petit
vers 1880
L'exploitation des indigènes au profit du suprémacisme blanc ne s'est jamais limité au travail forcé ou à l'esclavage dont seuls les produits finis étaient rendus accessibles à l'occidental moyen. Depuis le XVIIe siècle, les Français métropolitains ne voyaient de trace de l'esclavage qu'en trouvant des morceaux de doigts dans leur sucre, mais la plupart du temps ils ne croisaient pas beaucoup d'habitants de leurs colonies au quotidien. Mais il arrivait que ces populations leurs parviennent, non pas librement mais sous forme d'objet d'art. L'exemple le plus connu reste l'histoire de Sarah Baartman, femme sud-africaine de la tribu Khokhoi ramenée en Europe par un colon, Alexander Dunlop. Présentée comme un animal de foire entre 1810 et 1815, elle ne sera même pas libérée de son statut d'objet déshumanisé au moment de sa mort. Autopsiée par Georges Cuvier, un anatomiste français qui récupéra son corps, elle se vit littéralement transformée en objet d'art destiné aux cabinets de curiosité et aux musées pour toute l'éternité. Le moulage et la statue de son corps furent bien-sûr exposés, mais ce fut aussi le cas de son cerveau, son anus et ses organes génitaux qui restèrent dans des bocaux de formol. Ses restes furent exposés au Jardin des Plantes, puis ballotés au musée d'Ethnographie du Trocadéro, au musée de l'Homme, au Musée d'Orsay puis à Arles avant que l'Afrique du Sud puisse enfin l'enterrer dignement en 2002 selon les rites de son peuple.
Christopher Williams

Christopher Williams est un artiste photographe conceptuel américain vivant entre Los Angeles et Dusseldorf. Les thèmes souvent opaques des œuvres de Christopher Williams ont en commun la fascination de l'artiste pour l'obsolescence et la relation entre les photographies et les objets qu'elles documentent. Connu pour ses photographies ultra-brillantes et parfaitement nettes, rappelant la photographie commerciale d'une époque révolue, les sujets de Williams vont des barres de chocolat Ritter Sport empilées aux vieux appareils photo qui ont survécu à leur utilité. Williams fait référence ironiquement à la pratique de la retouche dans la publicité en soulignant les imperfections petites mais évidentes de ses propres sujets. L'ancien rédacteur en chef d'Artforum, Tim Griffin, a décrit l'approche de Williams comme « socio-photographique », ce qui signifie que le travail explore les codes sous-jacents de la photographie, de la publicité et de l'ethnographie (l'étude des cultures humaines).
Dan Peterman
With carrying Case Series
1990 - 1992
« S'inspirant des erreurs, des accidents et des dysfonctionnements engendrés par les systèmes de production, de consommation, mais aussi de recyclage, ses œuvres — toujours réalisées avec une très grande économie de moyen — si elles indiquent parfois une possible solution, en expriment toujours les effets pervers et les dangers latents. Les rebuts, les déchets, et plus particulièrement le plastique, reprennent forme et sens dans l'œuvre With carrying Case Series (1990-1992). Constitué de cinq valises à outils, moulées en plastique recyclé, cet ensemble donne à voir un effet de concurrence entre l'original et l'empreinte, celui-ci semblant remporter ici la victoire sur la technologie appelée à devenir de plus en plus vite obsolète par son renouvellement incessant. Dans un souci extrême d'éthique et d'écologie, l'artiste fait reposer sa démarche sur le recyclage des déchets produits par l'industrie comme condition d'existence et de validité de ses productions. Pour l'artiste, la transmutation du déchet en œuvre d'art permet son inscription dans un système pensé dans sa globalité et dans sa complexité, et constitue sa seule légitimation possible, sa seule pérennisation envisageable aujourd'hui. »
Grayson Perry
For Faith In Shopping
2008
Grayson Perry est un artiste pluridisciplinaire qui jongle entre tapisseries, céramiques, peintures et performances. Il explore l'identité et la société actuelle. Il met le doigt sur de nombreux paradoxes et les expose de manière esthétique. En 2008, il a créé une médaille intitulée For Faith in Shopping qui s'inspire des médailles satiriques et de l'iconographie religieuse des Vierges de procession. C'est la société de consommation et ses excès, ses injustices et ses tabous que l'artiste a visé avec humour et dérision.
Marina Abramović
Rhythm 0
1974
Marina Abramović réalise une performance en 1974 intitulée Rhythm 0, dans laquelle elle se livre entièrement au public pendant six heures. Le principe de cette performance est très simple : l'artiste se tient debout, figée, dans une pièce où se trouvent également 72 objets utilisables répartis en 2 catégories (objets de plaisir et objets de destruction). Une affiche donne la consigne suivante :
« Sur la table il y a 72 objets avec lesquels vous pouvez me faire ce que vous voulez. Performance.
Je suis un objet.
Je prends la responsabilité de tout ce qui se passera dans ce laps de temps.
Durée : 6 heures (20h - 2h) »
Peu de choses se passent pendant les premières heures. Ce sont surtout des photographes qui l'approchent. Puis, des personnes du public commencent peu à peu à agir avec elle plus ou moins calmement. À partir de la troisième heure, les « objets de destruction » sont utilisés. Certains se mettent à la déplacer, l'attacher, la violenter. Précisons néanmoins qu'il y a eu différentes réactions lors de la performance. Il y avait en effet un « groupe agresseur » et un « groupe protecteur ». Après que quelqu'un lui ai pointé le pistolet sur la tête, une bagarre a eu lieu entre les deux groupes.
Dans cette œuvre le spectateur est invité à coopérer pour que l'œuvre prenne forme, ils doivent interagir de manière libérée avec le corps de l'artiste et exprimer ainsi la réalité humaine face à un corps déshumanisé.
Richard Prince
New Portraits
2015
Richard Prince travaille sur le fait de s'approprier, de reprendre des images d'autrui et d'en faire une œuvre. Pour New Portraits il utilise le réseau social Instagram en s'appropriant les images postées par des internautes. Sous chaque image/post, il glisse un commentaire pour y marquer sa présence. Cette œuvre a fait polémique puisqu'elle utilise clairement des images non produites par l'auteur. De plus, Richard Prince a vendu ces œuvres à près de 900 000 dollars, ce qui pose une réelle question de l'appartenance des images sur le net et de la valeur de celles-ci. En opposition à cela, une des propriétaires d'une image a décidé de vendre sa photographie à 90 dollars.
John Knight

Architecte de formation, John Knight appartient à une génération d'artistes post-conceptuels qui interroge les « systèmes de médiation et de réception de l'objet artistique » (Benjamin Buchloh) et vise la déconstruction des logiques institutionnelles. Conçues en fonction des lieux dans lesquels il intervient, ses installations in situ prennent en compte le contexte, tant dans sa dimension esthétique que dans ses composantes culturelles, économiques et politiques. Knight critique également l'exposition elle-même, qui, en choisissant l'espace urbain comme lieu de monstration, tient malgré tout l'art à l'écart de la politique. De même, dans Cold Cuts (2008) à l'espace d'art de Castelló en Espagne, Knight dénonce les interventions illégales des États-Unis au Salvador, au Vietnam et au Chili depuis les années 1950 ainsi que leurs conséquences sur le démantèlement des cultures locales. Images, textes, photographies de presse mêlant gastronomie, exotisme, événements politiques, extraits des activités des Services des Renseignements secrets des USA, tissent divers niveaux d'interprétations dans un dispositif déployant des pentagones colorés sur les murs et le sol.
Núria Güell
Afrodita (Aphrodite)
2017
Núria Güell, connue pour explorer les rapports de force entre hommes et femmes dans son travail artistique, remet en question les notions juridiques et administratives qui encadrent sa profession ainsi que sa condition de femme. À travers sa performance intitulée "Afrodita", elle s'interroge sur la condition de l'artiste-auteur en Espagne, qui n'a pas de régime spécial mais qui est tout de même tenu de payer des cotisations mensuelles, même en l'absence de commandes ou de revenus. En étant enceinte, Núria Güell a créé son propre contrat juridique pour s'assurer que l'argent perçu auprès de l'institution commanditaire de la performance serait utilisé pour payer ses cotisations sociales pendant sept mois, ce qui lui a permis de bénéficier d'aides financières lors de son congé maternité. Sa performance consiste en un discours philosophique engagé sur ses expériences personnelles, sur la distinction entre la représentation symbolique artistique de la femme, belle et fertile, et la réalité économique de la femme qui doit subvenir à ses besoins.
Michel Angelo Antonioni
Zabriskie Point, Michel Angelo Antonioni
1970
Zabriskie Point est un des premiers films que Michel Angelo Antonioni a filmé aux USA. Il y dépeint une jeunesse militante et embrumée par le capitalisme par le lieu même du capitalisme, l'Amérique. La scène finale du film montre bien le point de vue que le réalisateur pose sur ce capitalisme , on y voit tout d'abord Zabriskie Point et la maison installée dans ce désert partir en flammes puis les objets du quotidien qui habitent cette maison : frigo, vêtements, électroménager,... exploser en éclats sur une musique stridente de Pink Floyd. Tout ça s'arrête brusquement sur un coucher de soleil paisible représentant une des affiches publicitaires du film.
Michel Journiac

C'est lors d'une exposition-manifestation à la galerie Stadler en 1972 que Journiac propose ce projet. Il publie spécialement trois contrats : Contrat pour un corps. Il offre donc la possibilité au public de devenir œuvre d'art. Celui-ci avait la possibilité de choisir l'un des trois contrats suivants puis de remplir les conditions. « 1er contrat : Vous pariez pour la peinture — votre squelette est laqué blanc. 2e contrat : Vous pariez pour l'objet — votre squelette est revêtu de vos vêtements. 3e contrat : Vous pariez pour le fait sociologique : l'étalon or — votre corps est plaqué or Conditions : 1- Cédez votre corps à Journiac/ 2- Mourir ». Les contrats ont été traduits en anglais, en allemand et en italien.
Ai Weiwei
Memembering de l'exposition So sorry
2009
Ai Weiwei, l'un des artistes chinois et activistes des droits humains les plus célèbres, a mis en place l'installation "Remembering" sur la façade de la Haus Der Kunst lors de l'exposition intitulée "So sorry" en 2009 à Munich, en Allemagne. Cette installation visait à attirer l'attention sur les milliers d'enfants tués dans l'effondrement d'écoles mal construites en raison de la corruption. Elle était composée de 9 000 sacs à dos d'écoliers et s'étendait sur 100 mètres de longueur. Le message en caractères chinois affiché sur l'installation était "Elle vécut heureuse jusqu'à 8 ans", les mots prononcés par la mère d'une des jeunes victimes. Le gouvernement chinois a largement occulté cet événement tragique causé par sa négligence, et Ai Weiwei a donc créé de nombreuses performances, photos, vidéos et installations pour dénoncer la corruption et le déni gouvernementaux. Bien que le gouvernement chinois ait fini par publier une liste de 5 335 victimes de la catastrophe, la précarité des constructions n'a jamais été officiellement reconnue.
Damien Hirst
For The Love Of God
2007
L'œuvre est une réplique d'un véritable crâne humain acheté par Damien Hirst à Islington. Il a appartenu à un homme d'une trentaine d'années ayant vécu au xviiie siècle. Dessinée et sculptée par Jack du Rose et fabriquée par les bijoutiers Bentley & Skinner basés à Picadilly, la réplique du crâne est incrustée de 8 601 diamants, pour un total de 1 106,18 carats, disposés sur une couche de platine, qui recouvre la totalité du crâne. Un diamant rose en forme de poire est également incrusté sur le front du crâne. La production de l'œuvre a coûté 14 millions de livres à l'artiste. Le 1er juin 2007, For the Love of God est présentée pour la première fois lors de l'exposition Beyond Belief à la galerie White Cube à Londres dans un cube de verre illuminé au sein d'une pièce sombre. L'exposition se fait sous haute sécurité. Elle est mise à prix à 50 millions de livres lors de cette exposition.
Jack Goldstein
The Jump
1978
Cet artiste et cette œuvre illustrent parfaitement le crash. En effet, Jack Goldstein suite au boom artistique des années 1980, développe ses peintures « tableaux de salon ». Elles étaient conçues à la fois pour être vendues aux très riches et pour assurer à l'artiste une place dans l'histoire de l'art. (Il fut l'un des premiers peintres contemporains à en engager d'autres pour réaliser ses œuvres.) Au fur et à mesure que les années 1980 se poursuivaient et se finissaient, il y avait de moins en moins de demandes de « peintures de salon » et le travail de Goldstein se vendait moins bien que celui de quelques autres. Réticent à enseigner au lieu de pratiquer à plein temps, Goldstein quitte New York au début des années 1990 et retourne en Californie où il passe la décennie dans un isolement relatif jusqu'aux années 2000, où il The Jump, connut un regain de popularité, malheureusement il est mort peu après. Il s'est donc crashé professionnellement. Cette production — The Jump — quant à elle, restitue le saut d'un plongeur olympique dont la silhouette scintillante se désintègre en fragments. Parfaite illustration là encore d'un crash, d'une chute autant dans le saut que dans la désintégration.
Jonas Lund
Crypto Jonas Lund Token
2018
Jonas Lund est un artiste conceptuel suédois qui réalise des œuvres en vue d'apporter une critique sur le monde contemporain, le système de production, et les structures de pouvoir. Lund étudie d'abord le problème de la numérisation contemporaine de la société au travers des pratiques et des mécanismes du monde de l'art, du processus de production et du pouvoir grandissant des autorités. En 2018, il se lance dans le projet de créer sa propre monnaie : la Crypto Jonas Lund Token. C'est une cryptomonnaie jeton qui fonctionne sous forme d'actions avec la possibilité de droit de vote. Ces actions de vote sont souvent réalisées en dehors des États-Unis et sont la plupart du temps appelées actions de participation. Cette nouvelle monnaie qu'il a créée reste une pratique artistique et lui permet de donner naissance à une forme d'art que l'on peut nommer « capitalisme performance art ». Le crypto-art que pratique Jonas Lund est une forme d'art qui s'est développée avec la montée des crypto-monnaies. Sa monnaie s'établit entre le commentaire et la participation puisqu'il critique le marché de l'art mais que son jeton peut disposer une partie de sa vie artistique, mais aussi personnelle et professionnelle.
Kevin Abosch

Kevin Abosch est un artiste conceptuel et photographe irlandais qui s'est plongé dans l'univers de la cryptomonnaie. Connu pour ses portraits de célébrités et boss de la Silicon Valley sur des fonds noirs, il s'intéresse longtemps à la valeur qu'ont les choses aux yeux des Hommes. Il a créé 100 œuvres d'art physiques et une édition de 10 millions d'œuvres virtuelles intitulées « I am a coin ». Les œuvres d'art virtuelles sont des jetons ERC-20 standards et les propriétaires des jetons peuvent se partager les œuvres. Ce qui intéresse Abosch dans la crypto-monnaie, c'est la valeur que les personnes accordent aux œuvres sur la blockchain. En 2018, il a vendu une œuvre d'art The Flower Rose sur la blockchain pour un total de 1 million de dollars. Les 10 collecteurs qui se sont partagés la vente ont divisé le coût en utilisant une crypto-monnaie. The Flower Rose est un jeton ERC-20 appelé Rose sur la chaîne de blocs Ethereum. Les recettes récoltées ont été données à la Fondation CoderDojo. Abosch a également vendu une autre pièce « Yellowlambo ». Il s'agit d'un autre jeton « YLAMBO » transformé en une sculpture de néon jaune psychique composée de 42 caractères qui forment une adresse de crypto-monnaie.
Simon Denny
Blockchain Future States
2016
Récit sur l'un des futurs états imaginés fondés sur l'utilisation de crypto-monnaies et de la blockchain et spéculation sur l'évolution au sein de nos sociétés et système économique induite par cette monnaie et cette technologie, l'exposition s'appuie sur 3 sociétés dans ce secteur : Ethereum, 21 Inc. et Digital Asset. L'étude de l'impact du milieu des affaires de la technologie sur la gouvernance. La spéculation sur l'économie de l'attention : le like pourrait devenir une véritable valeur financière en raison de la prolifération de jetons et d'un environnement d'échanges très fluide où les micro-payements ne poseraient pas de problème. Simon Denny propose une réflexion sur la portée culturelle de la logique de marché. La sculpture de boîtiers d'ordinateurs reflétant la vision d'entreprises investies dans la blockchain comme JP Morgan & Chase, BNY Mellon, Argur, DAO... Le lien entre la pensée du joueur (gamer) et la mentalité des entrepreneurs de la technologie est dessiné par le lien entre des custom cases et des deal toys.
Pugnaire et Raffini
Fahrenheit 134
2019
Fahrenheit 134, est une exposition réalisée par Pugnaire et Raffini dans la galerie Ceysson & Bénétière. Le projet a été pensé à partir d'une résidence à la Flax Foundation de Los Angeles. Dans des villes fantômes, ils ont collecté petit à petit des fragments de ruines de bâtiments. En parallèle, ils ont filmé leur recherche pour créer à la suite un film, Driving Trough. Ce dernier montre l'obstination d'une personne, l'artiste, à suivre un but illusoire. À travers les plans, nous le suivons pas à pas, tentant de protéger ses débris, fragments passés de vies. Ces bouts sont présentés dans l'espace d'exposition dans la galerie Ceysson & Bénétière. Ils sont reformés et délocalisés. Ils ont accès à un nouveau lieu. Auparavant dans une ville fantôme où l'économie a fui, dans celui d'une galerie à Paris, qui lui réévalue une valeur marchande.
Simon Starling
Flaga
1972 — 2000
Flaga (1972-2000) est une Fiat 126 transformée par Simon Starling. L'artiste achète ce modèle de voiture dans les années 70 en Italie. Il part du lien de production à Turin pour se rendre dans une usine délocalisée en Pologne. Il change quelques pièces à la carrosserie pour y faire apparaître les couleurs du drapeau polo- nais. Le titre de l'œuvre renvoie à la revendication d'une identité. Flaga signifie drapeau en polonais. Après les modifications apportées à la voiture, il la ramène en Italie pour l'exposer.
Wim Deloye
Pigs
“Pigs” est un ensemble de tatouages réalisés sur des cochons par Wim Deloye, artiste belge né en 1965. Les œuvres de ce dernier sont généralement connues pour être provocatrices et choquer le grand public. Avec “Pigs”, il bouscule encore une fois le monde de l'art en transférant ses dessins sur la peau de sept cochons ; en faisant ainsi des toiles vivantes. Ses dessins représentant des logos ou des icônes de grandes marques ont pour but de dénoncer la société de consommation de masse.
Robert Rauschenberg
Erased de Kooning
1953
Robert Rauschenberg propose en 1953, Erased De Kooning : une feuille de papier avec quelques traces, encadrée avec une étiquette sur laquelle est écrit le titre de l'œuvre : « Erased de Kooning Drawing — Robert Rauschenberg — 1953 » (réalisée par Jasper Johns). Dans les faits, Rauschenberg a insisté auprès de Willem De Kooning pour qu'il lui offre un dessin dans le but de l'effacer. Il avait déjà réalisé ce genre de performance sur ses propres dessins, mais cela n'avait pas eu l'effet escompté. Il a fallu environ deux mois à Rauschenberg pour effacer le dessin de De Kooning autant que possible, en utilisant une variété de gommes différentes. Ce n'est qu'une fois cet acte négatif effectué sur une œuvre d'une valeur incontestable (puisque De Kooning était déjà reconnu) que l'œuvre a pris tout son intérêt. Il s'agissait pour lui de provoquer le public avec humour. C'est plus ou moins à partir de ce scandale que la carrière de Rauschenberg a décollé. Il a parié sur le scandale lié à un artiste connu pour être reconnu.
Gianni Motti
Moneybox
2009
Gianni Motti est un artiste du présent. Il ne demande rien de plus que de vivre sa vie de tous les jours, d'être dans la vie. La pratique artistique est, selon lui, avant tout un art de vivre, une façon d'être au monde et en prise directe avec lui. L'artiste préfère ne pas s'encombrer d'une production d'objets, propres à alimenter le marché de l'art. Au contraire, il n'a pas peur du vide et préfère proposer des situations, des points de vue, décentrés et inattendus, dont la véritable consistance relève bien souvent d'un récit à partager et à transmettre. En 2009, Gianni Motti présentait successivement deux expositions au Centre d'art contemporain de la Ferme du Buisson (Moneybox) et à la Synagogue de Delme (Funds Show). Chacune était conçue selon le même mode opératoire : utiliser le budget de production des œuvres, le convertir en billets de 1 dollar, les exposer, puis à la fin de l'exposition, les reconvertir en euros et re-créditer chacune des institutions. La mise en scène très différente dans chaque lieu était une manière de mettre à l'épreuve le spectateur pris entre impossibilité et désir d'appropriation. Les auteurs du catalogue s'appuient sur cette œuvre critique pensée en réaction à la crise économique mondiale, pour revenir sur des notions de valeur marchande et de dématérialisation de l'art et de l'économie.
Stanley Brouwn
This Way Brouwn
1957 — 1960
En 1957, Stanley Brouwn démarre son œuvre This Way Brouwn à Amsterdam, qu'il continuera jusqu'en 1960. Cette série se compose de croquis d'itinéraires esquissés par des passants auxquels il demande son chemin et sur lesquels il appose ensuite son tampon. Il demande des directions similaires à différentes personnes et obtient des croquis différents : des lignes très géométriques sur la manière de traverser la ville, ou bien des mouvements plus fluides pour réaliser le même trajet. Ces croquis n'interprètent rien, ils décrivent seulement une activité physique par le mental (décrire un chemin de mémoire). Avec This Way Brouwn, mais aussi son œuvre de manière générale, Stanley Brouwn montre que l'art peut naître de situations quotidiennes et être une trace des échanges sociaux qui en découlent. L'œuvre n'est pas un objet esthétisant mais le constat d'une activité : le déplacement du corps dans l'espace.
Francis Alÿs
Sometimes Making Something Leads To Nothing
1998
En 1998, dans les rues de Mexico, Francis Alÿs pousse un bloc de glace pendant 7h jusqu'à sa fonte complète. Comme les travailleurs des rues de la ville, il travaille, dépense son énergie, peut-être en vain. Ou la primauté de l'action sur le résultat.
Joseph Beuys
Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort
1965
Joseph Beuys réalise une action de trois heures intitulée “Comment expliquer les tableaux à un lièvre mort” et présentée à la galerie Schmela à Düsseldorf le 26 novembre 1965. L'artiste tient sur son sein un lièvre mort, comme s'il s'agissait là d'un enfant. Il se déplace dans la galerie vers les tableaux pour les lui montrer, s'en approchant jusqu'à les toucher. Sa tête est recouverte de miel et de poudre d'or. À plusieurs moments, il s'arrête pour mur- murer au lièvre des choses incompréhensibles pour le public. Des micros sont cachés grâce auxquels sont retransmis les propos murmurés par l'artiste expliquant le sens de l'art au lièvre mort. Les pas de Beuys se déplaçant avec l'animal dans la galerie sont également audibles en dehors. En effet, le public n'a pas accès directement à la scène ; il peut cependant l'observer à travers une porte vitrée, une fenêtre et des images vidéos retransmises en direct à l'extérieur de la galerie sur un téléviseur. Cette action est une dépense de temps pour l'artiste comme pour les spectateurs, car le lièvre est mort et ne peut donc pas entendre ce que Beuys s'acharne à lui expliquer dans son langage ; et les spectateurs perdent leur temps à regarder l'artiste s'adresser à un lièvre mort dans une langue incompréhensible.
Gustav Metzger
Acid Action Painting
1960
Gustav Metzger développe le concept d'art autodestructeur à la fin des années 50 et il le transcrit dans son manifeste First Manifesto of Auto-Destructive Art en 1960. Il organise sa première démonstration publique d'art autodestructeur au London's Temple Bar le 22 juin 1960. Cette œuvre s'intitule Acid Action Painting. Elle est constituée de 3 toiles en Nylon superposées qui vont être peintes ou aspergées avec de l'acide chlorhydrique qui a pour caractéristique de faire fondre la toile 15 secondes après être entré en contact avec cette dernière. Il souhaite en fait créer une œuvre qui contient les moyens de sa propre destruction en référence à la société industrielle qui construit et fabrique toujours plus d'armes qui ont pour unique but la destruction. Les œuvres qu'il compte créer dans cette idée-là doivent avoir une durée de vie comprise entre quelques secondes et une vingtaine d'années, et cette autodestruction doit être intégrée à l'œuvre dès le début, cela ne consiste pas seulement à venir détruire une œuvre qui aurait eu un autre but que sa propre autodestruction. Par la suite, l'influence de l'artiste peut être plus ou moins importante suivant le processus choisi pour l'œuvre.
Jean Tinguely
Homage To New-York
1960
Jean Tinguely réalise en 1960 avec l'aide d'un ingénieur (Billy Klüver), une sculpture autodestructrice ou plutôt d'un happening baptisée Homage to New York. Un cumula de maintes formes prises ça et là, qui représentaient à elles toutes une grande masse peinte en blanc. Mise en mouvement pour le vernissage le 18 mars 1960 dans le jardin des sculptures du MoMA, la sculpture se mettra à fumer puis à peiner jusqu'à une destruction ou immolation totale de l'œuvre. Le but étant de représenter l'énergie chaotique et désordonnée de New York mais également la vie éphémère qui la traverse.
Pete Townsend

Pete Townsend est connu pour avoir été le premier guitariste de rock à avoir détruit sa guitare lors d'un concert. La première fois était un accident, un problème d'espace avec un plafond trop bas au Railway Hotel de Harrow en 1964. Cette pratique est devenue emblématique et s'est poursuivie avec sa propre appellation, smashing guitar. On pense notamment à Jimi Hendrix qui a brûlé deux de ses guitares lors de trois spectacles au Monterey Pop Festival de 1967.
Urs Fischer

En mars 2018, le Suisse Urs Fischer exposait à Londres une réplique du Baiser de Rodin, réalisée en pâte à modeler blanche et lisse. Contrairement à la règle en matière de sculpture, les visiteurs étaient invités à toucher l'œuvre et même à la transformer. Les altérations ont débuté tout doucement, avec une certaine déférence — simplement un nom ou un petit graffiti inscrit du bout de l'ongle dans la surface. Mais très vite, la statue s'est retrouvée soumise à de spectaculaires reconfigurations. Les visages ont été remodelés, un bras a été arraché. Retrouvant son statut premier de matière brute, la pâte à modeler a commencé à voyager tout autour de la pièce, renaissant sur les murs, le sol et les fenêtres sous la forme de nouvelles inscriptions, de nouvelles figures. Des visiteurs ont essayé de réparer les deux corps enlacés, en remettant un bras à sa place ou en s'efforçant de lisser la surface, mais en vain : pas moyen de revenir à la perfection lustrée de l'œuvre intacte. L'entropie suscitée par cette version « transformable » du Baiser faisait écho, dans son désordre, aux questionnements de l'artiste lui-même sur les passions ou les enthousiasmes qu'il lui arrive de poursuivre avec obstination, jusqu'à ce qu'ils se désagrègent à leur tour.
Eva Barto

Dans une approche héritée de la critique institutionnelle, elle s'attèle à interroger et à pervertir les logiques de financement, de production et de circulation (échange, trafic, transit) qui régissent notre société tout comme le monde de l'art. En faisant référence à la bourse, à l'alchimie, au plagiat, au pari ou au collectionneur, elle ne cesse de mettre en scène l'appât du gain et la soif de possession. Mais la spéculation est un jeu à double tranchant, induisant la probabilité d'un échec, d'un revirement de situation. Elle reste une affaire de contingence. On ne s'étonnera pas dès lors que l'artiste joue au casino l'argent d'une bourse de mécénat en vue de produire une édition intitulée All in, an Anthology of Gambling, retraçant les sommes mises en jeu, ses gains et pertes.
Hilary Powell et Daniel Edelstyn
Hœ Street Central Bank (HSBC)
2018
Couple d'artistes anglais qui décident de créer des faux billets, de les vendre à des galeries et institutions muséales pour racheter la dette de leur ville, Walthamstow (une banlieue de Londres connue pour être l'une des villes les plus pauvres du Royaume-Uni). Ils créent donc le projet Bank Job et leur atelier de fabrication de faux billets Hœ Street Central Bank (HSBC). Avec la vente de leurs faux billets, au Victoria & Albert Museum notamment, ils amassent 40 000 £, ce qui leur permet de racheter toute la dette de leur ville et de reverser le surplus à des associations locales. Hœ Street Central Bank (HSBC), Hilary Powell et Daniel Edelstyn, 2018
Matthieu Saladin
La promesse de la dette
Exposition menée en 2016
Matthieu Saladin développe une pratique polymorphe qui explore les mécanismes économiques contemporains tels qu'ils façonnent les rapports sociaux et les subjectivités. Utilisant le son, l'imprimé, la performance, les objets ou encore les technologies de l'information, il procède par accumulation, déplacement, détournement ou tautologie, pousse les logiques à bout et s'immisce dans le fonctionnement des dispositifs ou des structures qui le sollicitent. Issues d'une réflexion sur la problématique de la dette, ces œuvres, pour la plupart inédites, s'inscrivent dans un contexte économique mondial significatif : l'après-crise des subprimes aux Etats-Unis et la menace en Europe du défaut de paiement des dettes souveraines. Sans s'attarder sur ces situations conjoncturelles, l'artiste préfère sonder les soubassements philosophiques de la dette, contrat moral qui conditionne nos rapports sociaux depuis la nuit des temps. Empruntant à Nietzsche et ses considérations sur la promesse, lui-même repris par Maurizio Lazzarato dans son analyse du néolibéralisme comme « fabrique de l'homme endetté », l'artiste insiste sur cette forme déséquilibrée de relation sociale, outil de pouvoir d'un créditeur sur un débiteur, qui agit sur la subjectivité de ce dernier en lui imposant une moralité, en colonisant sa mémoire et en hypothéquant son avenir.
Matthieu Saladin
L'effeuillage des effacements
2016
Pile d'affiches en libre-service, rassemblant dans un ordre chronologique décroissant environ cent-cinquante épisodes historiques d'annulation de dette, de 2015 à 2400 av. J.-C., à raison d'un événement par affiche. À la différence des stacks habituels, chaque affiche est donc ici différente, dans son contenu, mais aussi son design, réalisé par Vier5. À mesure que les affiches sont emportées par le public, c'est une véritable histoire de l'annulation qui se fait jour, sorte de contre-histoire de l'endettement. L'effacement des ardoises y apparaît alors motivé par une multiplicité d'ambitions politiques, où l'émancipation de la décolonisation côtoie la mesure populiste à même de garantir le succès d'un coup d'état, en passant par la stratégie néolibérale imposant en échange la privatisation du secteur public. Indexation de l'ensemble des transactions économiques de la galerie sur la dette la plus imprévisible parmi les dettes souveraines.
Matthieu Saladin
Indexation
2016
Protocole : au premier jour de l'exposition, le taux d'intérêt de la dette la plus imprévisible du moment parmi les dettes souveraines est noté. Il sert de référent pour les transactions économiques du lieu présentant la pièce, sur toute la durée d'exposition. Les transactions économiques concernées (ventes d'œuvres, prix d'entrée, ou autres) sont décidées en concertation avec l'institution et/ou le commissaire. Lorsqu'une vente est conclue, le prix (de l'œuvre, du billet d'entrée, ou autres) est recalculé à partir du taux référent actualisé au moment de la transaction.
Philippe dit « Le Bel » et les Templiers

« Au Moyen Âge, ce sont les cités italiennes (Venise, Florence...) qui ont été les instigatrices d'un système de dette publique. Le besoin de payer des mercenaires pour les conflits incessants entre les cités, et la présence de marchands riches, disposant de réseaux bancaires tentaculaires, incitaient à user de cette commodité financière. [...] Philippe le Bel est connu pour avoir persécuté les juifs et les Templiers. Il s'agissait bien pour lui non seulement de ne pas payer sa dette mais de mettre la main sur les biens de ses créanciers. Les pressurer ou leur extorquer des fonds constitue des parades efficaces ».*Philippe IV eut des difficultés à reprendre la maîtrise des finances de son royaume et à mettre fin aux mutations monétaires. Pour cela, il crut bon d'abattre l'ordre du Temple (qui était devenu une puissance financière internationale), d'expulser les Juifs, de procéder à une dévaluation en rétablissant une monnaie d'or qui restera ferme pendant plus d'un siècle. Le royaume de France fait face à des difficultés financières. Afin d'y remédier, Philippe IV le Bel dévalue la monnaie, augmente les taxes et impôts, allant même jusqu'à spolier les biens des marchands lombards et des juifs. Dans le même ordre d'idées, les Templiers possèdent d'importantes richesses, augmentées par les redevances (droits d'octroi, de péage, de douane, banalités, etc.) et les bénéfices issus du travail de leurs commanderies (bétail, agriculture...). Le procès de l'ordre du Temple est une affaire judiciaire internationale du XIVe siècle. L'ordre du Temple est accusé en 1307, par la royauté française de plusieurs chefs d'accusation comprenant l'hérésie, la simonie, la sodomie et l'idolâtrie. Cette affaire prend une ampleur particulière car elle met en cause un ordre militaire composé de religieux et également parce qu'elle est une des conséquences de la lutte entre le roi de France Philippe le Bel et le pape Boniface VIII. L'affaire débute au matin du vendredi 13 octobre 1307, et se termine avec la bulle papale Considérantes dudum fulminée par Clément V le 6 mai 1312 et la mort du maître de l'ordre Jacques de Molay sur le bûcher le 11 ou 18 mars 1314.
Fax-Bak Service
BANK
1998
Fax-Bak est une œuvre réalisée par BANK entre 1998 et 1999. L'œuvre se constitue d'un ensemble de plus de 300 communiqués de presse provenant de galeries d'art londoniennes et new-yorkaises. Chaque communiqué a été corrigé par un membre de BANK relevant les problèmes de syntaxe, les approximations historiques ou encore le jargon théorique avant d'être renvoyé par fax à la galerie.
Dan Graham

Il reproche aux artistes de créer leurs œuvres pour l'espace de la galerie et non pas par «nécessité interne». Afin d'échapper aux contraintes de ces espaces d'expositions, il conçoit à partir de 1965 des travaux destinés à être publiés dans des revues : Schéma (1966) et Homes for America (1966-67). « Chaque travail dépend de la structure physique de la revue et de son contenu, de sa typographie, de ses publicités », et pour exister, les œuvres doivent être accueillies par des revues. Dan Graham dit à propos de Schéma que les informations des magazines sont jetables, et placer ses œuvres en leur sein, en adoptant la forme du magazine utilisé, permet de vaincre l'aura monétaire de l'art de la galerie et de placer l'art dans un domaine populaire et accessible au public. De plus, l'œuvre existe uniquement par sa propre présence dans le magazine et son image.
Felix Gonzales Torres
Untitled (Portrait of Ross in L.A.)
1991
Ce tas de bonbons, enrobés de papier bleu, blanc et rouge, rappelant le drapeau américain, est déposé dans un coin de la salle d'exposition, selon les instructions laissées par l'artiste. Le tas de bonbons doit faire exactement 136 kg, soit le poids cumulé de l'artiste et son compagnon Ross Laycock « Wati ». L'élément central de l'œuvre est alors le visiteur, attiré par les couleurs et invité à se servir, impliquant ainsi la disparition progressive de l'œuvre, symbolisant alors la propagation du VIH dans la communauté homo- sexuelle donc l'artiste et son compagnon ont subi les conséquences. On peut parler ici de fait autobiographique, car la disparition progressive du tas de bonbons est associée à la disparition du compagnon de l'artiste puis de l'artiste lui-même décédé du VIH quelques années après Ross Laycock.
Lee Mingwei
Money For Art
1994
Money for Art est un projet développé par Lee Mingwei. Il a commencé ce projet à petite échelle sur dix billets. Les billets de dix dollars ont été transformés en petites sculptures de pliages. L'artiste proposait à la suite d'offrir ces origamis sous une condition : que les personnes acceptent de donner leur numéro de téléphone. Il était convenu que Lee Mingwei puisse les appeler tous les six mois. Chacun avait des réactions différentes. L'une d'entre elle préférait utiliser les dix dollars pour s'acheter à manger pas loin de là. Elle avait exprimé son manque d'intérêt à posséder une telle œuvre d'art. D'autres les ont gardés et conservés sans les utiliser. C'est notamment le cas d'un sans-abri. Depuis ce jour, l'artiste lui rend visite à chaque fois qu'il revient dans la ville. Et à chaque fois, il lui en offre un autre. Le sans-abri les garde tous en collection. Il a été très content que l'artiste lui ai proposé son œuvre. Et il est heureux de les garder sans en dépenser aucun. Ce projet montre les différences de traitements et d'attribution de valeurs entre chaque personne. Qu'est ce qui est le plus important, de garder une œuvre d'art, ou d'utiliser l'argent pour des besoins vitaux ?
Myriam Lefkowitz
Walk, Hands, Eyes
L'objectif de cette expérience est de développer une relation unique et spéciale entre un guide et un spectateur lors d'une promenade d'une heure dans une ville. Cette expérience implique de marcher, de regarder et de toucher, offrant une perspective différente de la ville au-delà de sa fonctionnalité quotidienne. La promenade nécessite beaucoup d'énergie et des pauses régulières sont nécessaires. L'artiste souhaite désormais se faire connaître et envisage de proposer de nouvelles activations de la promenade au Royaume-Uni. Dans ce cas, le Royaume-Uni soutiendrait financièrement l'artiste pour assurer la pérennité de la performance, et en échange, l'artiste offrirait des promenades en ville. Ainsi, il s'agit d'un engagement entre un emprunteur (le Royaume-Uni) et un prêteur (Myriam Lefkowitz), où une créance monétaire serait mise à disposition de l'artiste en échange de son temps et de ses services.
Laurent Tixador
Finisterræ
2017
Laurent Tixador questionne à travers sa pratique artistique notre mode d'existence, notre rapport à la nature, à l'habitat mais aussi aux objets. Ses productions se regroupent toutes dans un certain rapport à la politique, à l'écologie et au militantisme avec notamment comme point de départ la transformation d'objets issus des déchets ou des matières polluantes. Cette récolte d'objets permet d'inscrire sa pratique dans une démarche écologique mais surtout financière. Ainsi, Laurent Tixador s'émancipe du système économique classique en produisant des pièces sans acheter de matériaux et sans les façonner dans un atelier. Cependant, ses productions sont limitées à ses trouvailles quotidiennes lors de différentes déambulations dans un espace. C'est notamment le cas de son projet Multiprise qui est alors l'aboutissement d'une résidence Finisterræ à Ouessant où, grâce à une collecte de plastique et de balle de tir, il fabrique une multiprise. Laurent Tixador établit donc une tension entre les enjeux écologiques et sociaux mais aussi économiques et logistiques.
Steward Brand
The Whole Earth Catalog
1968 — 1974
Le Whole Earth Catalog est un ensemble de publications édité entre 1968 à 1974 en Californie. Son auteur, Stewart Brand encourage un autre mode de consommation, celui du Do It Yourself. Le catalogue regroupe dans différentes catégories un registre de produits et de marques avec des prix listés. L'intégralité du contenu respecte une charte de validation : fonctionnalité de l'outil, disponibilité, absence de pré-requis technique... Le livre encourage le développement d'un modèle alternatif, d'« une contre-culture ». Les individus devenaient de plus en plus conscients des enjeux écologiques et sociaux. Ils recherchaient un nouveau modèle d'organisation de vie en communauté sans dépendre de la production industrielle.
Giuseppe Pinot-Gallizio

Giuseppe Gallizio exerce le métier de pharmacien. Il est également membre actif du groupe situationniste avec Guy Debort entre 1948 et 1965 (c'est un mouvement contestataire philosophique, esthétique et politique). C'est en 1955, qu'il débute une carrière dans la peinture. Ses peintures abstraites sont exécutées par de larges coups de brosse de peinture à l'huile sur la toile représentant des formes enfantines aux couleurs vives. En compagnie de Asger Jorn et dans un projet situationniste que Gallizio élabore la peinture industrielle au laboratoire expérimental en Italie. Ses toiles sont peintes à l'aide d'une machine sur le principe d'un bricolage d'éléments mécaniques comme une chaîne à vélo, une poulie... Ce qui permet de concilier une fabrication industrielle avec la création d'œuvres uniques et expressionnistes. La peinture industrielle se déroule sur plusieurs mètres à la recherche d'une alternative à la peinture et aux limites de la toile. Les peintures sont vendues au mètre. Ses peintures se détournent des pratiques du marché de l'art et de sa circulation. Il nie les normes de valeurs de l'œuvre qui est caractérisée par le geste unique de l'artiste ici remplacé par une machine. L'objectif est de dépasser les formes artistiques convenues et de créer un nouveau rapport avec le réel Enfin, selon l'artiste, les peintures industrielles « furent la première tentative de jouer avec les machines et le résultat fut la dévalorisation de l'œuvre d'art ».
Ulises Carrión
Other Books and So
1975 — 1979
Ulises Carrión a fondé une librairie et une galerie d'artistes : Other Books and So à Amsterdam. Cet espace alternatif a existé de 1975 à 1979 et était la première librairie dédiée spécifiquement aux publications d'artistes. Les visiteurs de la boutique pouvaient parcourir une sélection de livres d'artistes, de magazines, de cartes postales, d'œuvres sonores et de multiples réalisés par des artistes expérimentaux et des écrivains du monde entier. Par la suite Ulises Carrión a fermé ce lieu mais a conçu d'autres livres. Il revient cependant sur son espace non pas comme une entreprise commerciale, mais comme une œuvre d'art en soi. Comme il l'a déclaré, « Où se trouve la frontière entre l'œuvre d'un artiste et l'organisation et la distribution réelle de l'œuvre ? » * Other Books and So faisait partie d'un nombre croissant d'initiatives dirigées par des artistes dans les années 1970. Malgré sa courte durée, il a servi de lieu de rencontre pour les réseaux internationaux d'artistes alternatifs et underground, ainsi que de référence pour les générations futures d'éditeurs d'artistes. *Ulises Carrión, « Mondes personnels ou stratégies culturelles ? », dans Second Thoughts, Amsterdam : VOID, 1980, p. 5
Joe Scanlan
Other Books and So
1975 — 1979
Joe Scanlan est un artiste dont le travail prend de multiples formes, de la sculpture et du design aux publications et au théâtre imaginé. Il existe un subterfuge délibéré dans une grande partie de son art, comme en témoignent les œuvres qui traitent de l'économie politique du travail sur un site spécifique (Massachusetts Wedding Bed), la scénarisation de la vie et de l'œuvre d'un artiste fictif en collaboration avec des acteurs professionnels (Donelle Woolford), la fondation, l'administration et l'archivage d'une institution artistique (The Broodthaers Society of America) ou la découpe d'une œuvre d'art fondamentale pour en faire une police numérique (Palermo). Parmi les projets récents, citons Artisanal Complex, la quatrième exposition personnelle de Scanlan à la galerie Andriesse Eyck, Amsterdam ; New Tricks, New Schemes, la cinquième exposition personnelle de Scanlan à la galerie Martin Janda, Vienne ; Décor et Avant-poste, deux expositions organisées à partir de la collection permanente du FRAC Pays de la Loire, Nantes ; et une installation à grande échelle dans le cadre de Klassenverhältnisse (Relations de classe), une exposition collective autour du thème de la classe et de l'art au Kunstverein de Hambourg.
John Watters
Pink Flamingo
1997
Pitch : Divine vie dans une roulotte avec sa famille. Tous ont des particularités hors normes. Divine est un jour nommé « l'être le plus immonde sur terre » à partir de cela va s'engager une course-poursuite avec un autre couple souhaitant acquérir ce statut. Pink Flamingo dépeint une réalité de l'Amérique dans ce qu'elle a de plus vraie et de plus répugnant à la fois. John Watters met en avant les minorités dans ces films, notamment travailleuses du sexe, trans, culture pornographique, classe sociale pauvre, etc... Il fait partie des « Midnight Movies », les films seulement accessibles au visionnage à minuit dans les cinémas. Il faut aussi ajouter que les films de John Watters étaient tournés dans une économie très pauvre.
Andrea Zittel

Andrea Zittel s'emploie à un art plastique et sculptural qui souligne l'artificialité des espaces construits par l'Homme. Pour elle, l'Homme s'inspire de la nature pour reproduire des espaces de vie comme les parcs, qui font sentir à l'Homme son environnement et lui font oublier que ces espaces sont planifiés et étudiés dans leurs moindres détails. Ce mimétisme de la nature n'est qu'un écosystème construit, dénué de toute spontanéité, qualité pourtant propre à la nature. Elle décide donc de construire consciemment ces écosystèmes jusqu'à construire une île artificielle avec 44 tonnes de béton au large du Danemark : AZ Pocket Property. Elle décide d'y vivre durant un mois, en guise d'expérience d'isolement et de dépaysement dans cet écosystème factice.
Can Altay
COHAB: an assembly of spare parts
2011
Le projet prend la forme d'une enquête sur les conflits liés aux décisions de placer des œuvres d'art dans l'espace public d'Utrecht. Pour la réaliser, il se base sur les informations publiques et les archives de la ville, et collabore à la fois avec des chercheurs, mais aussi avec des acteurs locaux et des passants. Il formule ainsi des propositions de réagencement des sculptures publiques à Utrecht. Pour l'artiste, il ne s'agit pas seulement d'adhésion ou d'adaptation : la cohabitation est un problème politique fondamental.
Pierre Huyghe
After Life Ahead
2017
Pierre Huyghe a placé des abeilles, des paons, un mollusque connu sous le nom de Conus textile, des cellules humaines cancéreuses Hela, et des algues à l'intérieur d'une ancienne patinoire qu'il a totalement reconstruite, en la transformant en un organisme vivant, une sorte de biotope hallucinant. Des capteurs non visibles enregistrent le mouvement des paons et des abeilles, ainsi que les niveaux de CO2 et de bactéries dans la patinoire. Un algorithme utilise ces données pour calculer la vitalité moyenne de l'espace puis transmet l'information à un incubateur contenant les cellules cancéreuses Hela qui selon l'activité perçue augmente ou ralentit le taux de reproduction des cellules. En se déplaçant dans l'aquarium, le Conus textile agit lui aussi sur son environnement. Le mollusque dont le poison mortel ultrapuissant ne connaît pas d'antidote actionne les mécanismes d'ouverture et de fermeture des fenêtres zénithales. After Alife Ahead est organisé comme un réseau de processus de production de composants qui régénère continuellement par leurs transformations et leurs interactions le réseau qui les produit. Une machine autopoïétique qui engendre et spécifie continuellement sa propre organisation. Le concept d'autopoïèse cher à Pierre Huyghe inventé par Humberto Maturana et Francisco Varela est la propriété d'un système de se produire lui-même, en permanence et en interaction avec son environnement, et ainsi de maintenir son organisation malgré le changement de composants.
Alessandro Rolandi

Bernard Controls conçoit et fabrique des servomoteurs électriques, aussi appelés actionneurs électriques, ainsi que les systèmes de contrôle associés. Or, depuis 7 ans, sur le site basé à Pékin, l'entreprise a recruté l'artiste Alessandro Rolandi comme directeur du département de R&D en « Social Sensibility ». Celui-ci a déjà fait intervenir près d'une quarantaine d'artistes sur la scène de l'entreprise chinoise et est rémunéré comme un salarié normal de l'entreprise.
Robert Smithson

« L'essai Entropy and the New Monuments (L'Entropie et les nouveaux monuments), publié dans la revue Artforum de juin 1966, est le fruit de diverses excursions entreprises cette fois-ci avec Carl Andre, Michael Heizer, Robert Morris et Claes Oldenburg dans des sites industriels désaffectés. L'essai de Smithson fait l'éloge des systèmes dont “l'énergie se perd plus facilement qu'elle ne se capte” et s'intéresse aux “nouveaux monuments” constitués de matériaux artificiels — plastique, chrome et lumière électrique — qui “ne sont pas construits en vue de la durée, mais plutôt contre”. »
Elaine Sturtevant

Elaine Sturtevant s'approprie les œuvres d'artistes connus ou d'autres moins connus qu'elle en les reproduisant à l'identique. Sa démarche pose ainsi la question de la valeur de l'œuvre et de sa place sur le marché de l'art. L'œuvre est-elle remplaçable ? La valeur d'une œuvre identique est-elle identique aussi ? Une œuvre reproduite dévalue-t-elle la première ? Dans son positionnement artistique, Elaine Sturtevant pose ces questions tout en soulignant les incohérences d'un marché de l'art contemporain s'inspirant des lois de l'offre et la demande.
Superflex

Superflex a développé une boisson non alcoolisée en collaboration avec des agriculteurs locaux de Maués en Amazonie brésilienne qui cultivent les baies riches en caféine de la plante de guarana utilisées dans la boisson non alcoolisée leader du marché Guaraná Antarctique. Le projet était une réponse au traitement injuste que les agriculteurs locaux avaient subi de la part de Guaraná Antarctique et visait à garantir des bénéfices à ceux qui étaient toujours tombés dans le passé entre les mains des sociétés de commercialisation. Le projet était une contre-stratégie qui utiliserait les mêmes ressources brutes pour aider les agriculteurs. Le label initial Guarana Power était un fac-similé très similaire à celui du leader du marché et peut être décrit comme une parodie de la marque brésilienne Guaraná Antarctica. Cette pratique consistant à parodier ou parodier les marques d'entreprise est également connue sous le nom de « subversion » et est souvent liée à l'activisme politique. Le projet Guarana Power a rendu visible les structures économiques et tenté d'établir un nouvel équilibre.
Rothko
N°6
"Le tableau ""N°6"", réalisé en 1951, a changé de propriétaire à plusieurs reprises, y compris la famille Moueix, qui est propriétaire du célèbre domaine viticole Petrus. En 2014, Yves Bouvier, surnommé le « roi des ports francs », a acheté le tableau pour 80 millions de dollars, avant de le revendre peu de temps après à Dimitri Rybolovlev, un homme d'affaires russe avec qui il avait déjà conclu plusieurs transactions d'une valeur d'environ 2 milliards de dollars au cours des dix dernières années. Bouvier a vendu le tableau à Rybolovlev pour 140 millions de dollars après consultation entre l'homme d'affaires russe et une amie en commun des deux hommes.
Cependant, après avoir réalisé que le prix qu'il avait accepté était surévalué, Rybolovlev a décidé de stopper immédiatement le paiement en cours. Bouvier a tenté de justifier la situation et a rencontré Rybolovlev pour trouver une solution aux 60 millions de dollars restants à payer. Mais, Rybolovlev a décidé de porter plainte pour escroquerie et Bouvier s'est retrouvé en garde à vue. Bouvier a finalement été libéré après avoir payé une caution de 10 millions de dollars.
Rybolovlev a accusé Bouvier et leur amie commune d'avoir poussé la vente dans le but de toucher des rétributions pour les ventes réalisées avec Bouvier. Bouvier, de son côté, a affirmé qu'en tant que marchand, il était libre de faire de grosses plus-values. Rybolovlev a poursuivi en affirmant que l'escroquerie était la tromperie et la comédie jouée par Bouvier, plutôt que le prix des tableaux. L'affaire a été classée en 2021 avec le procès remporté par Bouvier, mais les avocats de Rybolovlev ont relancé la procédure en 2022."
Amalia Ulman
Privilège
2015 - 2016
À partir de scénarios qui la mettent en scène dans des récits de mœurs contemporains, Amalia Ulman réalise des performances sur les réseaux sociaux. Articulées autour de son identité numérique qu'elle a créée lors de sa première performance sur les réseaux Excellence and Perfections : « Je me suis d'abord transformée en une créature blonde, une naïve en quête de gloire (chapitre 1) ; puis en une fille plus agressive, sexuelle, qui se droguait et sombrait dans la dépression (chapitre 2) ; et enfin, en une adepte de la forme physique, remise de ses excès et décidée à vivre sainement (chapitre 3) ». Cette performance était une manière d'observer les autres. « J'ai voulu creuser leur côté obscur, révéler toute leur misogynie. Quand je me suis lancée dans le chapitre 3, les gens ont commencé à trouver cela ennuyeux, ce qui est parfaitement logique quand on regarde les comptes Twitter les plus célèbres. Ils auraient préféré me voir au bout du rouleau, me voir retomber dans une vie de drogues et de dépression. Avec Excellences & Perfections, j'ai voulu gratter le vernis qui cache cette perversion. ». À la fois émanation et pastiche grotesque de sa propre personnalité, ces performances élaborent des arcs narratifs s'étirant sur plusieurs mois. Dans le cadre de sa dernière performance, Privilège, elle a construit une fable sociale dans laquelle critique des violences de classes, références vernaculaires au web et tensions politiques se confondent.
Cameron Rowland

Cameron Rowland est un artiste américain qui s'est intéressé à l'économie de l'esclavage, et notamment à l'exploitation des travailleurs. Rowland utilise dans son travail beaucoup d'objets ou de meubles qui proviennent des institutions publiques et qui ont été fabriqués par des détenus dans certaines prisons d'État. On peut notamment citer le New York State Unified Court System qui correspondent à des bancs des salles d'audience des cours de justice de l'État de New York et qui ont été fabriqués par les détenus d'une prison. Ces détenus sont payés un salaire de misère et l'artiste veut ici dénoncer le fait que le système utilise la misère sociale pour se reproduire. Ce sont en quelque sorte les prisonniers qui construisent leur propre prison.
Robert Filliou
Banqueroute la Fête est Permanente
1965
Robert Filliou est un artiste connu pour son « principe d'équivalence » du « bien fait », « mal fait » ou « pas fait », où chacune des versions de l'œuvre aurait la même valeur. Il n'y a ainsi pas de prévalence d'une forme sur l'autre. Au cours de sa vie, l'artiste a été à l'initiative de nombreux projets dont La cédille qui Sourit avec Georges Brecht. En 1965, ils forment à eux deux une non-boutique. Il s'agit d'un espace ouvert uniquement sur demande à Villefranche-sur-Mer. Le lieu se veut être un centre international de création permanente. À l'intérieur, il n'était pas question d'un fonctionnement traditionnel ou d'un sérieux pesant d'atelier. Ils jouaient, contournaient et “désinventaient” des objets. C'était un espace de partage et d'échanges. Ensemble ils imaginaient des nouvelles formes, des nouvelles manières de créer avec une grande dose d'humour. Ils avaient organisé une foire de Noël à Paris. Avec d'autres artistes, ils vendaient des petits objets d'art bon marché. Leur intention était plus dans l'esprit d'un art s'offrant que dans la récolte d'argent par la vente d'objets considérés de collections. La cédille a fini par fermer par manque d'acheteur. Les artistes font l'annonce par la création d'une affiche « BANQUEROUTE, LA FÊTE EST PERMANENTE ». Directement avec l'annonce de cette banqueroute, Filliou repart et annonce un nouveau projet, Eternal network.
Nina Beier et Marie Lund
The imprint
2009
Nina Beier née en 1975 et Marie Lund en 1976, toutes deux d'origine danoise, sont deux artistes travaillant et vivant entre Berlin et Londres. Acquise par le FRAC Lorraine en 2009, “The imprint” est une performance orale et cartel d'une durée variable. La carte distinctive tracée par Nina Beier et Marie Lund trouve ses origines et ses fondements dans une empreinte qui ne se fixe jamais de manière permanente et irréversible. Les frontières qu'elles cherchent à établir puisent dans les eaux changeantes des désirs, des incertitudes, des erreurs et des imprécisions qui sont souvent dissimulées une fois que le chemin est parcouru. La notion d'empreinte se manifeste dans un espace temporel incertain, celui d'un conditionnel révolu. Il ne s'agit pas seulement de se référer au passé, ni à une vision du futur hypothétique. L'empreinte se situe plutôt dans une zone intermédiaire, celle du "ça aurait pu être". Ce qui est en jeu ici dépasse la simple idée d'une trace laissée par quelque chose qui a existé, et qui imprègne la présence de toutes les possibilités. En réalité, l'empreinte est associée à l'une des pratiques artistiques les plus anciennes et ne se limite pas à une trace éphémère ou durable. Elle témoigne plutôt d'un mouvement initial qui a été mis en œuvre. L'oeuvre se transmet d'esprit en esprit, sans trace écrite, de bouche à oreille.
Julien Prévieux
Dimensions in Modern Management
Julien Prévieux se concentre principalement sur les idées de travail, de propriété, de production et d'économie dans son travail artistique. Il a créé une bibliothèque inhabituelle constituée de livres appartenant à Bernard Madoff, l'homme derrière l'une des plus grandes fraudes financières de l'histoire. Madoff était le fondateur et président de Bernard L. Madoff Investment Securities LLC, une entreprise d'investissement de premier plan à Wall Street dans les années 90, qui a utilisé un système de Ponzi pour rémunérer les investissements des clients avec les fonds provenant de nouveaux entrants. La collection de livres présentée comprend huit titres, tels que "End in Tears" de Ruth Rendell ou encore "False Impression" de Jeffrey Archer. Cette sélection de livres suggère un thème commun de finance, d'escroquerie et de justice.
Mladen Stilinović
An Artist Who Cannot Speak English Is No Artist
1992
Mladen Stilinović est un artiste serbe. Il a été d'une grande influence dans l'art néo avant-gardiste d'Europe de l'Est. L'artiste remarque une scission entre l'art d'Europe de l'Est et de l'Ouest. Ceux à l'Ouest sont plus focalisés sur le système de hiérarchie institutionnelle. Ils cherchent à être représentés dans des galeries, à développer une notoriété. Les artistes comme Stilinović jouent sur la course-poursuite de leurs compères en manipulant les signes et les codes. La langue est un exemple concret et déterminant dans l'art. Les artistes qui cherchent une carrière internationale se dirigent naturellement vers l'anglais. Par elle, leur travail accède à meilleure visibilité et circulation. Pour Stilinović, les langues sont une matière qu'il mixe en fonction de ses projets. Dans son œuvre, An artist who cannot speak English is no artist, il met en évidence le caractère incongru de l'importance de la langue sur la reconnaissance de l'artiste dans le monde de l'art.
Enzo Mari

En 1974, Enzo Mari expose Proposta per autoprogettazione à la Galleria Milano. A travers son exposition, il souhaite révolutionner le monde de la distribution. Le but de Autoprogettazione était de proposer et d'établir une nouvelle relation plus directe entre le créateur et l'acheteur et de démocratiser la création en court-circuitant les différents acteurs de l'industrie et de la distribution. À travers cette exposition, Enzo Mari désirait donc rendre à l'acheteur une certaine maîtrise sur la conception de son environnement. Pour cela, il donnait la possibilité d'un accès aux plans constructifs d'une série de meubles faciles et réalisables par tous. Cela pouvait se faire à l'aide de planches standards et de matériel de bricolage (marteau, scie, colle, clous...). Pendant l'exposition, ces plans sont distribués gratuitement et sont ensuite réunis sous forme de livre. Ainsi, n'importe qui pouvait pour son usage personnel en s'appropriant ces dessins et réaliser soi-même un mobilier à coût faible.
Matthieu Laurette

Matthieu Laurette s'engage en 1991 dans un projet visant à vivre quasiment exclusivement d'articles remboursés et à se faire effectivement rembourser tout en ayant consommé. Il met ainsi en avant les « 100 % remboursés », « premier achat remboursé », « satisfait ou remboursé ». Matthieu Laurette parvient alors, pendant un certain temps, à se nourrir, se laver, se raser, et entretenir son habitat grâce à ces offres promotionnelles, et à faire parler de lui médiatiquement, en France et à l'étranger. Selon Nicolas Bourriaud, Matthieu Laurette « utilise la société comme un catalogue de formes... il joue avec les formes économiques comme avec les lignes et les couleurs d'une peinture »*. *Nicolas Bourriaud, PostProduction, 2002, p. 8
Jeremy Deller

The Battle of Orgreave est la reconstitution historique 17 ans plus tard d'une bataille de 1984 entre des mineurs et des policiers. La particularité de cette reconstitution résulte dans le fait de la présence des réels protagonistes. Le contexte évoqué ici est celui du mécontentement engendré par la politique économique de Margaret Thatcher plus précisément dans ce cas : la privatisation des sites miniers.
John Cage
4'33"
1952
"En 1952, John Cage, artiste américain connu pour ses talents de compositeur, de poète et de plasticien, a publié une œuvre musicale intitulée ""4'33"""". Cette pièce consistait en un silence de 4 minutes et 33 secondes, pendant lesquelles les bruits de la nature et les sons ambiants étaient les seuls à être perceptibles. L'objectif de cette œuvre était de mettre en avant les sons environnants que l'auditeur pouvait entendre pendant la performance, plutôt que les sons produits volontairement par les musiciens. Les musiciens pouvaient rester immobiles devant leurs instruments sans jouer, tandis que l'audience pouvait entendre les sons de la salle de concert, tels que les toussotements. John Cage cherchait à montrer que tous les sons, même les plus insignifiants, pouvaient être considérés comme de la musique. De même, le silence pouvait être une forme musicale à part entière. Son but était également d'explorer les limites de la perception musicale et de remettre en question la subjectivité de l'expérience musicale. ""4'33"""" encourageait les auditeurs à reconsidérer leur relation avec le son et la musique dans leur environnement quotidien. La pièce était également connue pour son impact surprenant s'apparentant à une forme de grève, où tous les musiciens cessaient de jouer simultanément pour prendre l'audience au dépourvu. "
Lee Lozano

Formée à Chicago, Lee Lozano devient une icône activiste des milieux new-yorkais dans les années 1960- 1970 et occupe la scène artistique internationale entre 1960 et 1972 : une carrière courte, intense et fulgurante, à laquelle elle choisit de mettre un terme avec l'œuvre General Strike Piece (« pièce de grève générale », 1969), qui sera le testament de son parcours artistique. Fortement marquée par la prédominance masculine dans le milieu, elle signe des dessins regroupés sous le terme générique de comix, qui détournent ironique- ment les symboles et attributs « virils » : vis, marteaux, vilebrequins et autres clés à molette se muent en formes phalliques dans un geste d'érotisation généralisée des objets. Revisitant à la fois les poncifs de l'art conceptuel et le graphisme pop et schématisé de Claes Oldenburg, l'artiste porte un regard acerbe et provocateur sur les clivages et les dissensions qui animent les débats artistiques et les revendications de l'époque. Derrière la distance affective apparente, son œuvre graphique n'en est pas moins animée par une violence revendiquée et une forte charge émotionnelle. La peinture tient une place prépondérante dans son travail.
Bernar Venet

Artiste conceptuel français, Bernar Venet utilise l'industrie et ses codes (dessins techniques et mathématiques) pour créer ses œuvres de métal. Il collabore avec Bugatti par exemple, pour créer une pièce unique pour la foire de Bâle-Miami en 2012. Inspiré par les explorations mathématiques de l'équilibre, du hasard, de l'ordre et du désordre, et de la relation avec l'environnement, Venet a créé un ensemble impressionnant et colossal d'œuvres composé d'arcs, d'angles, de lignes droites et indéterminées, qui en sont maintenant venus à définir l'esthétique sculpturale de Venet. Ces ouvrages sont construits en acier corten de couleur roux, un matériau plus généralement utilisé dans l'industrie à grande échelle comme la construction de ponts et la fabrication de conteneurs d'expédition. Venet pense qu'aucun autre matériau n'est capable d'absorber et de réfléchir la lumière naturelle aussi bien que l'acier corten ; ce qui en fait le matériau le plus parfait pour la sculpture monumentale en extérieur. Il se sert aussi de concepts scientifiques dans sa production. Il stoppe sa production artistique pendant 5 ans en 1971 pour se consacrer à des programmes scientifiques d'astrophysique et de mathématiques. Il utilisera ensuite ces concepts mathématiques pour la création de ses structures « lignes indéterminées » à partir de 1976 lorsqu'il reprend sa pratique artistique. Bernar Venet déplace les sciences « dures » et leurs concepts vers l'art et la création artistique. Il propose des œuvres qui sont uniquement physiques grâce à ces derniers.
Dora Budor
Adaptation Of An Instrument
2016
Dora Dudor travaille en lien étroit avec le cinéma. Dans ces œuvres elle traite des procédés de « créations d'uni- vers ». Elle donne donc une forme de seconde vie aux objets et aux décors en permettant aux spectateurs de s'arrêter sur des moments de cinéma, redonnant un intérêt, une forme, à des objets industrialisés par des grosses productions cinématographiques. Adaptation of an Instrument, est une installation immersive de l'artiste, elle est considérée comme une sculpture ; de l'intérieur, c'est un environnement. Elle fonctionne comme un instrument, puisqu'elle mesure les mouvements des visiteurs et réagit à leur corps puis traduit ces informations dans un système architectural lumineux. L'architecture est serpentée par des réseaux neuronaux mis au point avec trois neurologues. Cette installation réagit donc en fonction de l'affluence du public à l'intérieur même de la pièce. L'éclairage se compose également de (fausses) grenouilles, les mêmes fausses grenouilles que Thomas Paul Anderson utilisa lors de son film Magnolia en 1999. L'artiste stipule aussi qu'elle a passé 3 ans à rechercher les objets présents dans ce film, l'intérêt de l'artiste est de travailler sur une forme de mémoire cinématographique en utilisant des objets de surproduction à qui elle redonne une forme de légitimité en les falsifiant davantage. Comment réutiliser des choses déjà utilisées pour produire encore plus d'argent ?
Herbert Bayer
Notgeld
1923
"En 1923, l'Allemagne était confrontée à une inflation exponentielle et une augmentation vertigineuse des prix suite aux conséquences de la Première Guerre mondiale, rendant l'argent sans valeur. Des billets de nécessité ont été imprimés en quantité astronomique chaque soir dans chaque région en milliards de marks. C'est à cette époque que Herbert Bayer, artiste et designer autrichien âgé de seulement 23 ans, a été sollicité pour concevoir une série de billets de nécessité pour la région de Thuringe en Allemagne. Bayer a rapidement relevé le défi en créant une gamme complète de billets, qui se sont révélés être un superbe exemple de design moderniste, très différent des conventions esthétiques de l'époque. Cette série de billets de ""Notgeld"" ou ""argent d'urgence"" a été créée pour être utilisée localement comme une alternative à la monnaie en circulation en raison d'une pénurie de pièces de monnaie. Bayer a utilisé des formes géométriques simples et des typographies modernes pour créer des designs abstraits qui étaient à la fois élégants et fonctionnels. Chaque billet avait une apparence unique, mais tous partageaient une esthétique cohérente qui reflétait la vision artistique de Bayer. Les billets de ""Notgeld"" de Bayer étaient très populaires à l'époque pour leur design innovant et ont été influents dans le développement du mouvement Bauhaus, où Bayer a enseigné et travaillé pendant plusieurs années. Aujourd'hui, ils sont considérés comme des pièces de collection rares et précieuses en raison de leur histoire et de leur design exceptionnel."
Chantal Akerman
La paresse
1986
La paresse est un court métrage de 1986, d'une durée de 14 minutes, réalisé par Chantal Akerman. On y voit la matinée d'une femme (Chantal Akerman qui est également actrice de son film) empreinte d'indolence, voulant fournir le minimum.
Laurent Proux
La Main Invisible
"Une thermoformeuse produit aux yeux des visiteurs une farandole de bras et de jambes. Les membres détachés constituent un corps productif chaotique que Laurent Proux représente dans sa peinture. L'artiste s'appuie sur une usine réelle dont il photographie les postes de travail désertés et les machines en sommeil, facteurs économiques dont l'équilibre semble troublé et menacé. L'exposition porte le nom d'une théorie économique centrale qui est la ""main invisible"" d'Adam Smith, le père du libéralisme. Laurent Proux, représente, à travers son travail, les états d'âme de l'appareil capitaliste, l'agitation et la dispersion des motifs, leur fragmentation répétée reflètent un état de crise. Un désordre formel rejouant l'hystérie des marchés financiers; ce grand carnaval d'illusions dopés à la coke qu'était Wall Street dans les années 1980. Laurent Proux utilise différents registres de visibilité (figuration et abstraction) et des traitements de surface variés (fonds épais et premiers plans lisses) pour mettre en opposition les différentes énergies qui émergent du monde économique, un monde qui n'est pas à l'abri d'un bousculement brusque. Ces différentes énergies prennent l'identité de couples chargés d'opposition: économie réelle contre économie économie virtuelle, solidité des biens de productions contre fluidité des flux monétaires et du numérique, stabilité idéologique des vieux socialismes contre flexibilité opportuniste des politiques néo-libérales."
Yayoi Kusama
Narcissus Garden
1966
Lors de la biennale de Venise de 1966, l'artiste a participé à l'événement sans y être invitée. Elle a pris le rôle d'un marchand de rue, attirant l'œil avec son kimono doré et sa ceinture couleur argent. Elle avait installé dans la rue une œuvre de 1500 sphères en acier nommée Narcissus Garden. Ce projet était accompagné de 2 pancartes : « Narcissus garden, Yayoi Kusama » et « Your narcissium for sale ». Le titre de l'œuvre vient du mythe de Narcisse. Les boules avaient un effet miroir grâce au matériau, le but était d'acheter son propre ego, sa vanité, son amour de soi à l'acheteur/regardeur. Elle a voulu toucher un public très large en vendant ses sphères à 2 dollars pièce. À travers ce projet, on peut y voir la critique du marché de l'art, des institutions mais aussi de la circulation des œuvres d'art.
Peter Szendy

Dans un monde saturé d'images, où l'art et l'économie entretiennent des relations complexes, la marchandisation du visible devient un enjeu majeur. À l'heure de la prolifération des écrans, de nouvelles problématiques liées au stockage des images, à leur gestion, à leur circulation et à leur valeur émergent ; les matières premières qui les composent et le travail, humain ou non, qui participe à leur création sont autant de thématiques explorées dans cet ouvrage. Notre perception des images et notre rapport à l'esthétique sont-ils modelés par le système économique contemporain ? Face à une telle surproduction d'images, se pose plus que jamais la question de leur stockage, de leur gestion, de leur transport et des routes qu'elles suivent, de leur poids, de la fluidité ou de la viscosité de leurs échanges, de leurs valeurs fluctuantes : la question de leur économie. Dans l'ouvrage, la dimension économique de la vie des images prend le nom d'iconomie.
Ben

Ben est un artiste rattaché au mouvement Fluxus connu pour ses « écritures ». Celui-ci joue de sa signature sur presque tout (œuvre, objets, produits, publicités). Il était conscient du processus, et se voulait critique en interrogeant la valeur du geste artistique dans une société consumériste à la poussé à l'extrême jusqu'à devenir un gimmick entièrement digéré, un souvenir pour touristes. En effet, son écriture est facilement identifiable avec ses ronds, les « i » et son écriture attachée.
Alexander Ugay
We Belong To Texas
2002 — 2005
Cette pièce se compose de deux séries de photographies. La première est réalisée dans la région méridionale du Kazakhstan, d'où l'artiste est originaire. On surnomme cette région du Texas, de par les ressemblances paysagères entre les deux territoires : paysages naturels et pompes à pétrole ; mais aussi car comme au Texas Américain, les habitants du Texas Kazakh fondent leurs relations sur des accords informels et l'esprit public plutôt que sur la loi. La deuxième série est réalisée dans l'État américain du Texas, en 2010. L'artiste clôture ce projet en se faisant tatouer un symbole qui unit ces deux territoires. Le nom « Texas » dérive du mot Caddo « tejas », qui signifie « amis » ou « alliés ». Il a été donné au peuple Caddo et à la région où ils se sont installés dans l'Est du Texas par les Espagnols.
Philippe Thomas
Readymades Belong To Everyone
1987
L'agence Readymades Belong To Everyone a été fondée à la Cable Gallery à New-York. Une succursale a ouvert l'année suivante dans la galerie Claire Burrus à Paris. L'agence dont l'artiste est le directeur, vend des œuvres d'art dont chacun devient l'auteur en acceptant de la signer au moment de son acquisition. Le nom de l'artiste disparaît derrière le nom de l'agence et ceux des collectionneurs-signataires. Cette entreprise applique aux modes de production de l'art le fonctionnement des agences de publicité qui se développent à la fin des années 1980 : de nouveaux signataires à chaque projet, une communication via des campagnes de publicité, la participation à des événements et expositions, la publication des textes.
Molly Soda

Molly Soda est une artiste feministe performeuse axée sur la culture en ligne, l'identité du soi, la solitude et le désir de se connecter. Soda utilise une variété de médias sociaux pour héberger son travail, permettant le travail d'évoluer et interagir avec les plates-formes elles-mêmes. Elle s'intéresse aux pratiques d'archivage Internet, souvent produisant des ouvrages qui s'approprient sa propre image, en particulier ses premières interactions avec l'Internet. Elle pose aussi la question de la monétisation des vidéos lorsque l'on devient une icône du net. C'est par des vidéos parfois absurdes au penchant totalement ironique que l'artiste arrive à capter son audimat. Elle s'inspire des vidéos présentes sur internet avec lesquelles elle rejoue mettant en avant l'absurdité de la chose.
Chris Burden
Diecimila
1977
Photogravure d'un billet de 10000 lires italiennes sur deux faces, édité à 35 exemplaires et publié par Crown Point Press. Valeur marchande 10000 $.
Jeff Koons

Jeff Koons est un plasticien américain, sculpteur de style kitsch néo-pop. Il a réalisé des collaborations avec différentes marques : BMW, Louis Vuitton… Il a également réalisé une exposition au château de Versailles en y exposant notamment les Ballon Dogs et un homard géant. Avec des débuts compliqués autofinancés par la spéculation boursière, il se fait connaître au milieu des années 80 au sein d'une génération d'artistes qui ont exploré le sens de l'art à une époque où les médias sont saturés. Il a créé un studio ressemblant à une usine dans un loft à SoHo à NYC avec 30 assistants qui est devenu aujourd'hui une usine de 1500m2 à Chelsea avec 90 à 120 assistants réguliers. Koons a mis au point un système de couleurs par numéros, afin que chacun de ses assistants puisse exécuter ses toiles et sculptures comme si elles avaient été réalisées d'une seule main. Il ne réalise aucune œuvre lui-même mais impulse des idées qu'il fait exécuter par ses collaborateurs professionnels. Son art peut être considéré comme le point de rencontre entre différents concepts : les ready-mades de Marcel Duchamps (objets manufacturés modifiés), les objets du quotidien démesurés de Claes Oldenburg, l'appropriation de l'objet plus que l'humain d'Arman et le pop art d'Andy Warhol (artisanat d'art et imagerie populaire). Il est apprécié par des milliardaires nouveaux riches (favori du financier américain Bernard Madoff). Il affirme essayer de faire de l'art pour le plus grand nombre et travailler toujours avec le souci de « traiter de choses avec lesquelles tout le monde peut créer un lien ». Côte : en quelques mois a été l'artiste vivant le plus cher. Des polémiques existent autour du financement de ses œuvres/de sa cote/de son usine.
Bruno Serralongue

Bruno Serralongue développe depuis le début des années 1990 une œuvre qui interroge et révèle les conditions de production, de diffusion et de circulation de l'image médiatique. C'est à partir des informations publiées dans la presse que Bruno Serralongue fait le choix de ce dont il va parler à travers ces photographies. L'idée est de confronter un événement avec l'annonce qui a été faite, en retournant sur les lieux qui avaient été médiatisés puis laissés à « l'abandon » après avoir été mis sous le feu des projecteurs. L'œuvre de Serralongue permet de marquer une réalité, « ici il s'est passé quelque chose », il en photographie les séquelles ou même les actions toujours en cours parfois oubliées trop rapidement (Sud-Soudan, 2011), (Calais, 2006-2008) ou encore il suit un événement en en proposant un témoignage différent des médias habituels (New Fabris, 2009). À la lisière entre photojournalisme et reportage social, le photographe pointe du doigt des sujets contemporains « embarrassant » politiquement : Manifestation du collectif de sans papiers de la Maison des Ensembles, place du Châtelet, Paris (2001-) ; Earth Summit (2002) ; Groupes de travail (2004) ; SMSI, Tunis (2005) ; Luna Park, Bilbao (2005) ; Calais (2006-) ; Mexico City (2007) ; Rise Up, Resist, Return (New Delhi & Dharamsala) (2008) ; Kosovo (2009-) ; Carnival of Independence, South Sudan (2011) ; Florange (2011-2013) ; Notre-Dame- des-Landes (2014-)... Le centre d'exposition devient alors un lieu de mémoire et de luttes afin de concentrer l'attention du spectateur sur des événements du réel.
Bernhard Lang
Boneyard
2022
"Bernhard Lang est un photographe allemand spécialiste de la photographie aérienne, particulièrement à travers son immense projet Aerial Views lancé en 2010 composé de nombreuses séries de photos. Boneyard met en lumière le plus grand lieu de stockage d'avions au monde, ce site implanté au sein de paysages désertiques de l'Arizona s'étend sur des kilomètres. Autour de 4000 véhicules y sont abandonnés. Ceux en parfait état pourraient être utilisés ponctuellement. Cependant, la plupart ne sont qu'entreposés pour être recyclés ou en prendre les pièces. Il n'en manque qu'une, voire aucune pour certains modèles, alors que d'autres n'existent que par la présence de leurs deux ailes. Avec cette série de photos prises perpendiculairement au sol depuis un avion ou hélicoptère, Bernhard Lang fait ressortir la structure de ce cimetière singulier. Regroupés par modèle en lignes et rangées serrées, les aéronefs forment un tout très géométrique souligné par les vues aériennes du photographe. Les différentes séries d'avions, après s'être succédées les unes aux autres, sont abandonnées côte à côte dans cette base aérienne de Tucson à cause de leurs obsolescences respectives."
Jean-Luc Moulène
Objets de Grève
1999
Les Objets de Grève sont une œuvre de vingt-quatre objets présentés par Jean-Luc Moulène à la Galerie de Noisy-de-Sec en 1999. Ce sont des produits fabriqués par des ouvriers lors de conflits durant le travail. Ils prennent plusieurs formes : par exemple celle d'un jeu, le Chomageopoly qui est le Jeu de Monopoly réinventé par des chômeurs américains dans les années 1930 ; ou encore sous la forme d'une bouteille, la plus grosse bouteille plastique en PVC du monde faisant référence à la manifestation hostile du personnel aux projets de fermeture de l'usine Bourgogne Applications Plastiques. En soit ces objets ne répondent pas aux standards de fabrication et servent à populariser et financer la grève. C'est au cours des années 1980 que Jean-Luc Moulène va les collecter et les photographier, pour ensuite les exposer. Quant aux conditions de « production » des images, que ce soit les ouvriers ou Moulène, tous deux ont eu recours à la même stratégie : le détournement. Là où l'ouvrier, tout en exploitant les ressources de l'entreprise, propose une alternative au produit imposé, Moulène fabrique des images recourant aux codes publicitaires tout en contredisant ces derniers (par une prise de vue réalisée à la chambre, en lumière naturelle, pour souligner la vie propre à chaque objet). Les objets eux-mêmes ont été donnés à l'État et sont conservés aux Archives Nationales du Monde du Travail (Roubaix).
James Webb

James Webb est un artiste qui crée de nouvelles possibilités de communication entre les oeuvres et le public en introduisant des objets dans des environnements différents. Dans son oeuvre intitulée A Series of Personal Questions Addressed to a Roman Coin, il interroge un denier d'argent frappé en l'an 70 de notre ère, qui aurait servi à toutes sortes de transactions sous l'Empire romain, du simple achat de pain au paiement de pot-de-vin. Bien que l'artefact ne fournisse aucune réponse écrite, donnée ou suggérée, les questions posées par James Webb au sujet des diverses expériences de l'objet favorisent un autre type de dialogue avec le public.
Julien Prévieux
Objets de Grève
1999
" Depuis la fin du 19e siècle, l'industrie, le commerce, la police ou encore l'armée mettent au point des enregistrements de gestes et mouvements, diffusant ainsi l'esthétique des recherches formelles des nouvelles formes artistiques. L'artiste, Julien Prévieux, modifie la matière inspirée au départ par des objectifs de productivité ou de surveillance en pures formes. Le vol à la tire ou vol par pickpockets, consiste à la subtilisation d'objets que la victime détient sur elle, sans qu'elle ne s'en aperçoive. Ce type de vol exige la fluidité et une certaine aisance de ses mouvements. Le voleur ou pickpocket, doit suivre sa victime de différentes manières, en se déplaçant aléatoirement, ce qui le rend difficile à appréhender. Comme tout vol, le pickpocket, en dérobant des objets, souhaite acquérir un revenu économique facile d'accès. L'oeuvre de Julien Prévieux nommé “pickpocket” est une sculpture faite d'aluminium brossé, médium, placage chêne. Elle définit et symbolise les mouvements d'un pickpocket, se présentant pour être admiré sans qu'il y ait d'intérêt personnel dans le regard. Julien Prévieux, tel un pickpocket, s'approprie les formes pour les détourner de leur usage initial. Dans ce cas-ci, ses mouvements de voleur engendrent une véritable sculpture abstraite qui peut être admirée sans but lucratif. Lauréat du Prix Marcel Duchamp en 2014, son œuvre a été exposée au Centre Pompidou en 2015."
Hito Steyerl

Hito Steyerl est une réalisatrice, artiste et auteur allemande dans le domaine du documentaire essayiste. Ses sujets de prédilection sont les médias, la technologie et la circulation mondialisée des images. En 2019, Hito Steyerl réalise Free Plots une œuvre d'art dans son exposition AGO. Inspirée par la présence d'une de ses œuvres antérieures dans un port franc, placée par son acheteur, Hito Steyerl envisage une manière alternative de mettre à profit la terre et le travail commun. Comme un port franc, son œuvre devait inspirer la communauté à tirer de la richesse d'un territoire par sa seule nature. C'est ainsi que lui est venue l'idée d'un jardin communautaire mobile. Les dépenses effectuées pour la création de Free Plot étaient calculées selon le prix de vente de l'œuvre placée en port franc et les recettes ont été directement versées aux territoires d'accueil de l'exposition.
Mika Rottenberg

« Pour ses œuvres, Mika Rottenberg fait régulièrement appel à des femmes dont les particularités physiques sont vantées ou mises à disposition sur Internet. Leurs corps, hors des normes et des canons actuels, inspirent les scenarii de ses films, dans lesquels ils apparaissent entièrement mobilisés par diverses actions effectuées dans des conditions de travail à la chaîne. Les matériaux en cours de transformation conduisent souvent à la production d'objets a priori absurdes et inutilisables. » Elle fait le lien entre les corps féminins et les mécanismes de production. L'effort qu'il a à produire afin d'arriver un objet, un service etc... Elle met aussi en lumière le travail à la chaîne (travail déshumanisant) dont elle souligne l'absurdité en créant des situations fictives de travail comme vaporisé d'eau des fesses qui dépassent d'un mur, sentir des fleurs pour éternuer des plats... Burlesque.
Ulay et Marina Abramovic

Entre 1975 et 1988, les deux artistes ont produit de nombreuses oeuvres et performances ensemble avant de se séparer. En 1990 les anciens concubins ont signé un contrat dans lequel Ulay cédait toutes ses archives physiques à Abramovic en soulignant que si ces dernières étaient commercialisées il toucherait 20% des recettes, tandis que la galerie obtiendrait 50% et Abramovic 30%. Cependant, en l'espace de 15 ans, l'artiste allemand n'aurait gagné que 28000 euros. En 2015 Ulay porte plainte au tribunal d'Amsterdam contre Abramovic car elle l'aurait privé de ses droits d'auteur, en demandant aux galeries de la noter comme seule auteure de leurs travaux communs.
Anish Kapoor

Anish Kapoor est un artiste minimaliste qui a acquis en 2016 le brevet du « noir le plus noir » (Vantablack) et s'en est ainsi octroyé l'exclusivité. Cela a fait scandale jusqu'à créer une campagne sur Instagram sous le sigle #ShareTheBlack. Par la suite Stuart Semple, a commercialisé « le rose le plus rose » interdit à la vente à Anish Kapoor et ses associés, puis le Black 3.0. Voici ce qui figure lors de l'achat « Vous déclarez que vous n'êtes pas Anish Kapoor, que vous n'êtes en aucun cas en relation avec Anish Kapoor, que vous n'achetez pas cet article pour le compte d'Anish Kapoor ou l'un de ses associés. À votre connaissance, cette peinture ne finira pas entre les mains d'Anish Kapoor ». Cette histoire a fait tant scandale, que de nombreux articles ont vu le jour et ont probablement contribué à augmenter la visibilité d'Anish Kapoor. Cet investissement lui a permis de présenter une œuvre à la Biennale de Venise 2020 : Descent info Limbo (reprise d'une œuvre de 1992), si noir qu'un visiteur en est tombé dedans.
Tania Mouraud
NI
1977
En 1977, Tania Mouraud organise sa première City performance : 54 panneaux d'affichage sont investis dans Paris sur lesquels le mot « NI » est écrit en 4 × 3 mètres, dans plusieurs arrondissements parisiens. « Négation absolue, déni d'autant plus troublant qu'il ne dit pas ce qu'il vise. Cette opération semble bien se constituer en résistance aux formes habituelles du discours publicitaire, et de la sphère marchande au service de laquelle il se place » écrit Arnauld Pierre. À travers cette œuvre, elle sort des institutions et va directement dans la rue. C'est en choisissant des quartiers très diversifiés mais aussi des rues spécifiques qu'elle a pu toucher un public large.
Barbara Kruger
Untitled (I shop therefore I am)
Barbara Kruger est une artiste américaine ayant suivi une formation de graphiste publicitaire. Elle a exercé durant plusieurs années pour un grand magazine de mode nommé Mademoiselle, sous la direction de Condé Nast, un groupe d'édition. Elle y apprend les protocoles de construction des images destinées à la communication de masse et, notamment, à opérer les cadrages permettant le meilleur impact visuel qu'elle réutilisera ensuite.Tout au long de sa carrière, elle s'est appropriée des textes et des images, ou les a empruntés à des sources existantes, pour créer de nouvelles associations et idées. Ses projets sont intemporels et non pas liés à un moment ou à un problème particulier. Au lieu de cela, ses juxtapositions d'images et de mots génèrent de nouvelles perspectives sur le langage et les images qui nous sont "vendus" tous les jours par les médias, les publicités, les sociétés et le gouvernement.
John Baldessari
(The) Cremation Project
1970
John Baldessari, un artiste conceptuel américain qui a commencé à exercer son activité en 1949, a réalisé en 1970 un travail intitulé "The Cremation Project". Dans cette œuvre destructrice, l'artiste a brûlé toutes ses œuvres antérieures à 1966 afin d'établir un lien entre la pratique artistique et le cycle naturel de la vie, qui est à la fois fatal et éphémère. Le processus de l'œuvre consistait en la crémation des œuvres, suivie de la cuisson de "biscuits" à partir de leurs cendres. Ces biscuits étaient présentés dans des bocaux accompagnés d'une plaque en bronze indiquant la date de "naissance" et de "mort" de chaque œuvre calcinée.
Ray Johnson

« Ce sont mes premières expériences dans le milieu du luxe et des grands hôtels qui m'ont incité à réfléchir à Excellences & Perfections. Au rebours de la sémiologie de la pauvreté que j'ai pratiquée dans le passé avec Buyer, Walker, Rover, je me suis mise à observer comment les travailleurs du sexe font d'Instagram une plateforme pour attirer les clients. J'ai déchiré tous ces codes, qui relèvent grosso-modo de la sémiologie du pouvoir. Les escort-girls utilisent les tenues de luxe et les grands hôtels pour se mettre en valeur, et tout cela est profondément relié aux structures sociales. Ce qui m'intéressait, c'était de recréer ces images dans un contexte différent. » « Il s'agissait en effet de jouer avec l'ambiguïté de la représentation, de voir ce qu'elle inspire en fonction du contexte. J'avais rédigé un scénario assez précis, mais il est resté secret pendant toute la performance, sauf pour quelques personnes du milieu de l'art à qui je l'avais envoyé avant de commencer. Je me suis d'abord transformée en une créature blonde, une naïve en quête de gloire (chapitre 1) ; puis en une fille plus agressive, sexuelle, qui se droguait et sombrait dans la dépression (chapitre 2) ; et enfin, en une adepte de la forme physique, remise de ses excès et décidée à vivre sainement (chapitre 3). Cette performance était une manière d'observer les autres : j'ai voulu creuser leur côté obscur, révéler toute leur misogynie. Quand je me suis lancée dans le chapitre 3 les gens ont commencé à trouver cela ennuyeux, ce qui est parfaitement logique quand on regarde les comptes Twitter les plus célèbres. Ils auraient préféré me voir au bout du rouleau, me voir retomber dans une vie de drogues et de dépression. Avec Excellences & Perfections, j'ai voulu gratter le vernis qui cache cette perversion. »
Amalia Ulman

Ray Johnson, artiste actif des années 50 aux années 80, court-circuite le marché de l'art et des galeries. Il utilise les divers composants de la correspondance postale ainsi que les services de la poste comme une forme artistique. La lettre et l'enveloppe deviennent un support d'expression artistique. Il développe ainsi un réseau appelé Correspondance School. Par cette pratique, il détourne les circuits traditionnels des musées, des galeries et bouleverse le fonctionnement du marché de l'art. L'art entre dans la vie quotidienne. Cette nouvelle forme souligne l'importance des liens sociaux et privilégie la relation humaine. Ainsi, tout le monde peut faire de l'art. Ray Jonhson ne fonctionne pas sur les valeurs élitistes ou marchandes, il n'y a pas de spéculation et d'une façon générale les productions sont confiées à la Poste et au bon vouloir des personnes qui assureront réception, tri et acheminement.
Simon Denny
New Management
2014
Exposition documentaire concentrée sur la « Déclaration de Francfort » comme l'une des déclarations culturelles les plus importantes du pré-XXIe siècle durant laquelle sont présentés les fondements philosophiques de Samsung à partir de 1993 dans leur quête de domination mondiale. C'est un beau rêve euphorique d'expansion mais aussi un rêve d'affirmation politique et économique très compétitif, exclusif et fortement nationaliste. L'installation est constituée d'objets existant dans l'espace global, notamment des outils de communication et d'interfaces avec lesquels nous avons tous de fortes relations et qui reflètent cette contribution de Samsung à la culture matérielle mondiale.
Ei Arakawa
Ei Arakawa explore les aspects financiers de sa pratique artistique dans son œuvre intitulée "Fees and Nerf". Des écrans LED affichent des pièces de monnaie dans différentes devises (dollars, euros, yens et livres sterling) représentant les honoraires perçus par minute par l'artiste pour ses performances lors de biennales. Par exemple, il a été rémunéré à hauteur de 0,20 £ par minute pour sa performance "Single's Night". Dans cette œuvre, la performance devient une monnaie vivante, permettant à l'artiste d'interroger sa pratique et sa durabilité, particulièrement en période de crise liée au COVID-19. En transformant ces performances passées en écrans, Ei Arakawa élève son travail au statut plus lucratif de la peinture tout en lui donnant une nouvelle dimension.
Valie Export
Tapp und Tastkino
1968 — 1979
Valie Export interprète entre 1968 et 1971 une série d'actions appelée Tapp und Tastkino. Pour cette action, elle porte autour de son buste une boîte qui s'apparente à un « mini-cinéma » avec des rideaux de scène. Son collaborateur est équipé d'un mégaphone et invite le public (ou les consommateurs) à faire pénétrer leurs mains dans ce cinéma, touchant ainsi les seins de l'artiste. Valie Export continue de regarder le consommateur dans les yeux quand il vient lui toucher les seins. Tapp und Tastkino interrompt de façon radicale ce que Laura Mulvey désignera plus tard sous le terme de « regard scopophile » (c'est-à-dire propre au plaisir de regarder). Ici on parle de « cinéma élargi », ou augmenté (expanded cinema), qui se concentre très directement sur des objets fétichisés dans et par la société. Ces œuvres constituent une tentative politique de réaliser un bond en avant, en suturant ensemble différentes thématiques : la façon dont l'image de la femme et la catégorie femme sont produites par le cinéma, la publicité et la pornographie et, en regard la façon dont ces phénomènes rencontrent le désir et la fétichisation.
Barnett Newman
Barnett Newman fait des peintures à grande échelle et caractérisées par des couleurs vives et une ou deux lignes verticales centrées appelées « zips » (de l'anglais « fermeture éclair »). Newman invite le visiteur à s'envelopper dans un univers de couleurs denses pour les éprouver. Le peintre affirmait : « J'espère que ma peinture peut donner aux autres, comme elle m'a donnée à moi, la sensation de sa propre totalité, de sa propre indépendance, de sa propre individualité ».
Henri Sauvage
La Villa Majorelle
1901-1902
La Villa Majorelle, érigée à Nancy, représente la première maison Art Nouveau de la ville. Elle a été construite entre 1901 et 1902 par Henri Sauvage et est aujourd'hui classée monument historique. De nombreux artistes ont collaboré à sa réalisation, notamment Louis Majorelle, qui en était le propriétaire et qui a réalisé le mobilier, les boiseries et les ferronneries. Jacques Gruber a été chargé des vitraux, Francis Jourdan et Henri Royer ont créé les peintures de la villa, tandis que Lucien Weissenburger a supervisé le chantier. La Villa Majorelle est considérée comme un chef-d'œuvre de l'Art Nouveau nancéen et a nécessité une étroite collaboration entre différents artistes de Nancy et de Paris. Malgré cela, elle présente une unité artistique et une cohérence qui étaient essentielles pour tous ceux qui ont travaillé sur ce monument.
Sophie Calle
Unfinished
1988 — 2003
Sophie Calle est invitée par une banque américaine à réaliser un projet in situ en 1988. Elle ne se douterait pas qu'elle éprouverait autant de difficultés à réaliser ce projet. 15 ans plus tard, elle se trouve devant le fait accompli : elle n'arrivera pas à finir ce travail. C'est alors qu'elle retrace le périple d'un projet qui sera à jamais inabouti : Unfinished. Elle documente ses recherches, ses rencontres, ses interviews, ses idées et nous les donne à voir. Ainsi ce travail fonctionne par une vidéo documentaire et une série de photographies montrant la tête et l'attitude de personnes venant innocemment retirer de l'argent sans se douter une seconde que leur tête finirait dans une série de l'artiste.
Étienne-Jules Marey
Cavalier Arabe
1887
À partir des années 1870, le Français Étienne-Jules Marey se sert d'instantanés photographiques pour décomposer le mouvement des êtres vivants. En dissociant, figeant et analysant les poses successives de ses modèles, l'inventeur de la chronophotographie (1882) peut capturer le détail des activités sportives ou des gestes de la vie courante. Par le biais de ces séquences rapprochées, il obtient avec précision les images de ce qu'on ne peut percevoir à l'œil nu. En arrêtant le temps et le mouvement, il réussit à voir l'invisible. Comme ses films où se meuvent au ralenti chiens, chats, moutons et chevaux, les clichés d'un cavalier arabe, donnant par leur qualité une impression de fluidité, d'énergie et de vitesse, permettent de comprendre le fonctionnement de la « machine animale ». Réunissant discontinuité et illusion de mouvement, exactitude et rêverie poétique, utilité scientifique et esthétique, les photographies de Marey et ses successeurs offrent une vision paradoxale et totalement nouvelle.
Sergueï Eisenstein
Sergueï Eisenstein est un cinéaste russe du cinéma soviétique qui est souvent considéré comme un des pères du montage. Il va influencer le monde du cinéma en apportant des innovations sur les montages. Sa vision du montage intellectuel et du montage des attractions (assemblage de scène ayant un fort impact) va lui permettre d'utiliser des techniques cinématographiques innovantes. C'est un réalisateur et artiste qui va inscrire son esthétique et son art du montage dans les expériences modernistes de l'époque. Par exemple ses œuvres les plus notables sont La Grève qui est un film réalisé en 1924, ou encore Ivan le Terrible en 1945. Son dernier film réalisé, Ivan le Terrible, a été d'abord réalisé en noir et blanc, puis en couleur. Mais cette dernière partie n'est au final jamais sortie puisqu'elle a été bloquée par la censure. Ce film était une fresque qui retrace les actes du tsar Ivan IV pour réunir le pays en un état moderne, grand et puissant.
Kevin Abosch
À l'occasion de la Saint-Valentin 2019, l'œuvre intitulée Forever Rose a été vendue à un collectif de 10 investisseurs pour une valeur équivalente à 1 million de dollars en crypto-monnaie. L'œuvre est une photographie d'une rose produite par Kevin Abosch et GIFTO , un protocole de don universel décentralisé. Chaque acheteur payant l'équivalent crypto de 100000 $ pour obtenir 1/10 du ROSE, un jeton ERC20 sur la blockchain Ethereum. Forever Rose pourrait être actuellement l'œuvre virtuelle la plus précieuse au monde. Les acheteurs peuvent choisir de conserver leurs jetons ROSE, de les vendre ou de les donner. Abosch et GIFTO feront don du fruit de la vente à la Fondation CoderDojo, qui offre aux enfants du monde entier la possibilité d'acquérir gratuitement des compétences en codage.
Simon Starling
Shedboatshed a été réalisé pour l'exposition Cuttings en 2005. Le projet était de transporter la construction, soit le hangar, afin qu'elle atteigne un endroit riverain. Ce qui a amené l'artiste à en faire un bateau pour traverser la rive. Le bateau a entièrement été conçu avec les planches du hangar et a servi à acheminer les parties restantes. Une fois, l'autre rive atteinte le hangar a été reconstitué pour l'exposition.
Dan Peterman
S'inspirant des erreurs, des accidents et des dysfonctionnements engendrés par les systèmes de production, de consommation, mais aussi de recyclage, les oeuvres de dan Peterman, si elles indiquent parfois une possible solution, en expriment toujours les effets pervers et les dangers latents. Les rebuts, les déchets, et plus particulièrement le plastique, reprennent forme et sens dans l'oeuvre With carrying Case Series (1990-1992). Constitué de cinq valises à outils, moulées en plastique recyclé, cet ensemble donne à voir un effet de concurrence entre l'original et l'empreinte, celui-ci semblant remporter ici la victoire sur la technologie appelée à devenir de plus en plus vite obsolète par son renouvellement incessant. Dans un souci extrème d'éthique et d'écologie, l'artiste fait reposer sa démarche sur le recyclage des déchets produits par l'industrie comme condition d'existence et de validité de ses productions. Pour l'artiste, la transmutation du déchet en oeuvre d'art permet son inscription dans un système pensé dans sa globalité et dans sa complexité, et constitue sa seule légitimation possible, sa seule pérennisation envisageable aujourd'hui.
Harun Farocki
La Sortie des Usines Lumière à Lyon est la première image animée créée en 1895. Le premier film de l'histoire montre 45 secondes de travailleurs sortant de l'usine de matériel photographique des Frères Lumière. Cent travailleurs s'empressent de quitter l'usine par les deux grandes portes et quittent aussitôt le cadre de l'écran des deux côtés, vers un horizon que nous ne connaissons pas. Le groupe de travail- leurs est dépeint ici comme un groupe social et le parvis de l'usine devient le théâtre de conflits sociaux. Un siècle plus tard, Harun Farocki propose sa propre version des travailleurs quittant l'usine, à travers différents supports d'images en mouvement : documentaires, films de propagande et de fiction, bulletins d'informations composent ce film de 37 minutes. Il propose un film documentaire qui analyse ce groupe social mais surtout la vision narrative qu'en donne le cinéma où les liens entre les séquences sont souvent implicites mais jamais complètement définis. La première caméra de l'histoire du cinéma était pointée sur une usine, mais un siècle plus tard, on peut dire que le cinéma n'est guère attiré par l'usine et en est même repoussé. Les films sur le travail ou les ouvriers ne sont pas devenus l'un des genres principaux et la plupart des films narratifs se déroulent dans cette partie de la vie où le travail a été laissé de côté. Les luttes, grèves et masses ouvrières sont toujours filmées aux portes des usines (ou aux grilles des prisons). L'invisible d'un siècle du cinéma est finalement révélé.
Pierre Huyghe
Pierre Huyghe crée en 1995 l'Association des Temps Libérés. Cette association se réunira au Centre d'Art le Consortium de Dijon et aura pour but : « pour le développement des temps improductifs, pour une réflexion sur les temps libres, et l'élaboration d'une société sans travail. Pour faire connaître ses idées, l'association organisera différentes réunions publiques, conférences, parutions, fêtes. » dira t-il dans le flyer de l'évènement. Pierre Huyghe pose ainsi les bases de sa réflexion sur le contexte de l'exposition et de son besoin de redéfinir les conditions de monstration des œuvres.
Walker Evans
Beauties of the Common Tool
1955
Le magazine Fortune se consacre au monde des affaires et de l'industrie. Il est un objet de luxe : maquette élégante, images nombreuses et souvent en couleurs, impression soignée, grand format et prix de vente élevé. L'artiste y devient photographe à temps plein, puis rédacteur en chef spécial pour la photographie. Il décidait ainsi lui-même des sujets, les photographiait et formulait à la direction du magazine des propositions de sujets qui l'intéressaient tels que le vernaculaire et les cultures populaires, les signes typographiques dans la ville et les personnes anonymes. Pour Beauties of the Common Tool, l'artiste publie dans Fortune des photo- graphies d'outils ordinaires et leur prix.
Katinka Bock
C'est après une résidence de 9 mois au laboratoire d'Aubervilliers que l'artiste Katinka Bock réalise son exposition Zarba Lonsa (Bazar Salon en verlan). L'artiste crée son projet en trois étapes distinctes : créer, donner puis exposer. Elle va d'abord réaliser des sculptures puis va aller les troquer avec une quinzaine de commerçants dans la ville d'Aubervilliers. Ceux-ci pouvaient donner ce qu'ils voulaient. Elle est donc répartie avec un t-shirt, de la viande, un mp3. Ils avaient juste une obligation : accepter d'exposer l'œuvre dans leur magasin durant le temps de son exposition. Elle a continué le processus de création en utilisant les objets donnés par les marchands. Elle les a enveloppés dans ses sculptures en forme de tissu. En chauffant celles-ci, la plupart des objets ont été brûlés. En faisant ce geste, elle montre la suppression des objets dans l'inventaire des marchands (suppression de la valeur marchande) mais aussi dans le champ du réel (combustion des objets).
Piero Manzoni
Piero Manzoni est un plasticien italien pionnier de l'art conceptuel et de l'Arte Povera. Dans ses principales œuvres, tel que Merde d'Artiste, en 1961, montre qu'il cherche à éviter les matériaux artistiques courants. Il va ainsi utiliser d'autres ressources, comme la fourrure de lapin ou encore les excréments humains. Il détourne ainsi toute la valeur du matériel utilisé et remet en question la nature de l'objet d'art. Cette sélection de matériaux peu communs dans la réalisation d'œuvres d'art est une manière de « découvrir les sources mythologiques et comprendre les valeurs authentiques et universelles. » En 1961, il transforme des corps vivants en œuvres d'art appelées Sculptures Vivantes, en les signant et en mettant des certificats d'authenticité. De même par la suite, il va vendre 90 boîtes de conserves remplies de ses propres déjections qu'il va nommer Merde d'Artiste. Cette œuvre va apparaître comme une critique du système de consommation et de production de masse italien.
Yves Klein
Yves Klein a eu un lien étroit avec la question de l'économie jusqu'à en faire une question intégrante, une préoccupation principale dans sa pratique. Son rapport à l'économie se résume par la recherche de la réelle valeur du tableau. Pour lui, la valeur d'un tableau est intrinsèque. C'est la matière interne de l'œuvre, son coût, qui justifie et mesure sa valeur d'échange et représente donc son prix « réel ». Yves Klein aborde le prix « juste » de ses œuvres car elles sont une simple traduction monétaire de la valeur de l'objet et de ce qu'elle contient. Par l'élaboration de cette méthode, Yves Klein s'écarte de l'instabilité du marché puisque le prix de ses œuvres ne sont présidés par aucune instance supérieure et en dehors de toute considération de beauté, etc.
Christopher D'Archangelo
« J'ai été invité à utiliser une partie de l'espace d'exposition de cette exposition sur invitation (du 20 juin au 28 juillet) à la galerie Rosa Esman. L'espace d'exposition que j'utiliserai est tout l'espace non utilisé par les œuvres des quatre artistes invités à exposer dans le cadre de la même exposition sur invitation. La façon dont j'utiliserai cet espace est de vous inviter à exposer tout produit que vous souhaitez dans cet espace. Tous les produits exposés doivent être en vente. Un accord doit être conclu entre Rosa Esman et vous-même quant au coût du produit exposé et au pourcentage pris par la galerie. De plus, si votre produit n'est pas vendu, vous devez le retirer au plus tard le 28 juillet 1978. Ce texte doit être conservé à la galerie Rosa Esman du 20 juin 1978 au 28 juillet 1978. Christopher D'Archangelo N.Y.C. 6/78 Note : Le texte suivant doit être reproduit sur l'annonce : À travers l'œuvre de Christopher D'Archangelo, vous êtes invités à installer tout objet vendable, dans l'espace non utilisé par l'œuvre de l'artiste dans cette exposition, pour la durée de cette exposition. »
Yves Klein
Ces travaux consistaient à vendre des documents de propriété de l'espace vide (la zone immatérielle), sous la forme d'un bon/contrat, en échange d'or. À partir de là, l'acheteur avait deux solutions : - Soit, il acceptait un reçu pour le prix qu'il l'a payé, ce qui lui ôtait toute l'authentique valeur immatérielle de l'œuvre, bien qu'il en soit cependant le possesseur. - Soit l'acheteur, il pouvait achever la pièce dans un rituel élaboré dans lequel l'acheteur brûlerait le bon/ contrat, et Klein jetterait la moitié de l'or dans la mer, dans une rivière ou dans un endroit quelconque dans la nature. Le rituel serait exécuté en présence d'un cri- tique d'art ou d'un marchand distingué, d'un directeur de musée d'art et d'au moins deux témoins. Pour que la valeur fondamentale immatérielle de la zone lui appartienne définitivement et fasse corps avec lui, il doit brûler solennellement son reçu, cela après que son nom, prénom, adresse et date de l'achat aient été inscrits sur le talon du carnet à souche des reçus. Dès ce moment, la zone de sensibilité picturale immatérielle appartient d'une manière absolue et intrinsèque à l'acquéreur. Les zones ainsi cédées, après que l'acquéreur ait brûlé son reçu, ne sont plus transférables par leurs propriétaires. « Les reçus de Klein vérifient l'existence d'une œuvre d'art invisible, qui prouvent qu'une vente formelle a eu lieu. Comme Klein l'établit dans ses « règles rituelles », chaque acheteur a deux possibilités : s'il paie la quantité d'or convenue en échange d'un reçu, Klein conserve tout l'or, et l'acheteur n'acquiert pas vraiment la « valeur immatérielle authentique » de l'œuvre. La deuxième possibilité est d'acheter une zone immatérielle pour l'or, puis de brûler le reçu. Grâce à cet acte, une immatérialisation parfaite et définitive est obtenue, ainsi que l'inclusion absolue de l'acheteur dans l'immatériel... *Yves Klein, Règles rituelles de la cession des zones de sensibilité picturale immatérielle, 1959, in Le dépassement de la problématique de l'art et autres écrits, Beaux-Arts de Paris, 2003 Klein présente les stratégies commerciales capitalistes et éclaire ses idées sur la valeur indéfinissable et incalculable de l'art. » * Entre la création de la pièce en 1959 et sa mort le 6 juin 1962, huit zones ont été vendues, dont au moins trois concernaient le rituel élaboré.
Dora Garcia
Steal This Book
2009
C'est l'histoire d'un homme qui, dans un magasin, ôte son blouson et le met sur un cintre, au milieu d'autres blousons semblables. La scène se passe dans un magasin, d'où on emporte généralement de la marchandise, en l'achetant ou en la volant. Or là, le personnage en apporte. Son apparence vaguement patibulaire contribue à nous suggérer qu'il va dérober quelque chose. Là réside l'effet : non seulement il ne prend rien, mais il donne, et le contexte suggère qu'il remet en place un objet volé. Cet acte puissamment connoté culturellement, nécessite la connaissance des notions de propriété, d'échange marchand, de spoliation. Dévoler restitue un geste aussi simple et fugitif que subversif, inverse à celui de « voler ».
Pierre Huyghe
C'est l'histoire d'un homme qui, dans un magasin, ôte son blouson et le met sur un cintre, au milieu d'autres blousons semblables. La scène se passe dans un magasin, d'où on emporte généralement de la marchandise, en l'achetant ou en la volant. Or là, le personnage en apporte. Son apparence vaguement patibulaire contribue à nous suggérer qu'il va dérober quelque chose. Là réside l'effet : non seulement il ne prend rien, mais il donne, et le contexte suggère qu'il remet en place un objet volé. Cet acte puissamment connoté culturellement, nécessite la connaissance des notions de propriété, d'échange marchand, de spoliation. Dévoler restitue un geste aussi simple et fugitif que subversif, inverse à celui de « voler ».
La dépense

L’Atelier Artem La dépense est porté par l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy (Ensad Nancy). Il a été imaginé par Xavier Antin en 2020. Conduit par Christophe Lemaitre en 2022–2023, l’atelier propose à des étudiants de l’Ensad Nancy, d’ICN Business School et de Mines Nancy de mener une réflexion sur les liens entretenus par l’art (le plus souvent contemporain) et l’économie. Chaque année, une vingtaine d'élèves se rassemblent autour de la conception d'une édition imprimée thématique : le Marché en 2022, la Collection en 2023. Un glossaire est également rédigé collectivement par les membres successifs de l'Atelier, au fil des années ; il indexe un ensemble croissant de termes économiques expliqués par des pratiques artistiques. Ce site internet, initié en 2023, présente l'archive complète du glossaire de La dépense, ainsi que les bibliographies, filmographies et sitographies de l'Atelier ; il est destiné à évoluer.

Avec le soutien de Artem Nancy, École nationale supérieure d’art et de design de Nancy, ICN Business school, Mines Nancy, Métropole du Grand Nancy et Département de Meurthe-et-Moselle.

Cette publication est réalisée dans le cadre de L’Atelier Artem La dépense proposé par l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy (Ensad Nancy). Tous droits réservés sur les textes. Aucune image affichée dans ces pages n'est hébergée par le serveur de ce site.
Direction générale de l’Ensad Nancy
Christelle Kirchstetter

Direction des études et de la formation de l’Ensad Nancy
Loïc Horellou

Direction du développement, de la valorisation
et de l’insertion professionnelle de l’Ensad Nancy

Dominique Laudien

Direction éditoriale,
artistique et technique

Christophe Lemaitre

Coordination des textes, relecture
Sarah Dupont, Tatiana Roty (Février–Avril 2023)

Conception graphique
Orlane Perny Mézière, Émilie Guesse, Mickael Bourguer

Développement
François Gislard, Hind Lamrani, Mathieu Monferrini

Typographie
DM Sans (Colophon Foundry, Jonny Pinhorn, Indian Type Foundry)

Remerciements
Dominique Knittel, Michaël Sauvage, Stanislas Schoirfer

Date de publication, mise à jour
Avril 2023
Glossaire
Information